Super Mario. C’était son surnom dans les cercles financiers. Mais pourtant, pour une fois, il semble que Mario Draghi n’ait pas réussi à convaincre les marchés.
S’il avait été connu comme étant un prophète de l’austérité et de la rigueur, « plus Allemand que les Allemands, » le président de la Banque centrale européenne a annoncé jeudi 2 octobre un changement de cap dans la politique de la banque européenne. Cela s’explique assez facilement : Les temps ont changé. La croissance européenne est en panne et la déflation menace la zone euro. Dans ce contexte, la Banque Centrale Européenne doit à tout prix soutenir l’économie.
La BCE a annoncé qu’elle ouvrait la porte au rachat massif de dettes d’entreprises dès octobre. Résultat: ces créances n’apparaîtront plus dans les comptes de leurs banques. Cela facilitera l’obtention de prêts pour les entreprises, notamment les PME et les particuliers.
A Naples, lors de la réunion mensuelle de l’institution, M. Draghi a donné le coup d’envoi aux achats d’asset-backed securities (ABS) – le nom savant de ces créances qui ont bénéficié de titrisation afin d’être ensuite revendues sur les marchés. Il s’agit d’une politique monétaire similaire à celle de la Fed américaine depuis le début de la crise – avec un bilan plutôt positif. Cette technique expose cependant la BCE au risque de verser dans le commerce de titres poubelle. Cela pourrait impacter de façon très négative sur sa réputation.
L’annonce a d’ailleurs eu des retombées négatives : depuis la conférence de presse les bourses européennes ont chuté et les taux d’emprunt dans la zone euro sont remontés. « Le problème, c’est qu’il n’existe pas assez d’ABS à faible risque sur le marché pour que le programme de la BCE soit crédible » d’après Christopher Dembik de Saxo Bank.
En ce sens, M. Draghi a renvoyé les gouvernements de la zone euro à leurs responsabilités. S’ils ne poursuivent pas efforts et les réformes structurelles pour relancer la croissance, les mesures de la BCE resteront sans effet.
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