Le groupe islamiste Boko Haram multiplie les attaques à la bombe et les enlèvements. L’inquiétude qu’il suscite dépasse désormais les frontières. Nouveaux fronts, armements de plus en plus sophistiqués ; le groupe pourrait profiter de la saison sèche pour étendre encore son champ d’action.
Au moins quarante-cinq personnes ont été tuées mercredi 19 novembre dans une attaque attribuée à Boko Haram d’un village du nord-est du Nigeria L’attaque a visé Azaya Kura, dans la région de Mafa, dans l’Etat de Borno. Le président par intérim du district, Shettima Lawan, dénonce un acte « ignoble ». Mafa, qui se trouve à une cinquantaine de km à l’est de Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno. Ses environs ont été visés à plusieurs reprises par des attaques du groupe islamiste armé.
Des combattants présumés de Boko Haram ont enlevé à Mafa une trentaine d’adolescents, des garçons et des filles, certains âgés de seulement 11-13 ans. Les habitants se plaignent d’attaques quasi-quotidiennes, et beaucoup ont fuit la région.
De plus, le groupe islamiste a recours à une nouvelle arme de terreur : des femmes-kamikazes qui dissimulent des explosifs sous leur long hijab. Dimanche à Azare, dans l’Etat de Bauchi, dans le nord-est, une femme s’est fait exploser au milieu d’un marché, tuant au moins 10 personnes. La dernière conquête du groupe islamiste, qui multiplie les violences dans le nord-est du pays, serait la prise la semaine dernière de la ville de Chibok. Cette ville illustrait la barbarie du groupe, après l’enlèvement le 14 avril de 276 jeunes filles d’un lycée de l’agglomération.
Mais Boko Haram semble également vouloir élargir son action aux pays voisins comme le Cameroun. L’armée camerounaise, qui a déployé 2. 000 soldats dans la région, dit avoir perdu 32 hommes depuis le début des opérations
L.’installation prochaine de la saison sèche « va augmenter les capacités de nuisances de Boko Haram », souligne le colonel Jacob Kodji, chef de la région militaire interarmées du Nord Cameroun. Obstacles naturels entre le Cameroun et le Nigeria, les rivières commencent déjà à se tarir. « Les ponts ne seront plus des points de passage obligés. Ils peuvent donc passer partout sur la frontière, à n’importe quel moment. »
« Nos militaires tombent mais avant de tomber ils infligent toujours une correction, une punition inoubliable aux Boko Haram. C’est pour ça que notre frontière demeure infranchissable », assure à l’AFP le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary. Les autorités annoncent régulièrement avoir tué des centaines d’islamistes lors d’accrochages, chiffres invérifiables.
Tout le monde n’est pas aussi optimiste sur la capacité de résistance de l’armée camerounaise, qui dispose d’une force d’élite comptant 4. 000 hommes formés par les Israéliens. Mais il ne pourront seuls empêcher une percée sur tout la frontière, et l’armée régulière manque d’expérience et de moyens. De plus, les islamistes, qui se sont emparé d’une vingtaine de villes au Nigeria, se sont constitué un véritable arsenal de guerre dans les bases de l’armée nigériane tombées entre leurs mains.
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