Alors que le cours du brut est en baisse, les pays membres de l’OPEP ont décidé jeudi de ne pas réduire leur production. Une victoire pour les États du Golfe emmenés par l’Arabie saoudite face aux pays plus pauvres du cartel.
En décidant, jeudi 27 novembre, de ne pas réduire leur production de pétrole, les douze pays membres de l’Opep ont accepté que la chute des cours, entamée depuis le début de l’été, s’accélère. Cette décision a aussitôt entraîné une nouvelle dégringolade des prix du brut, tendance qui ne semble pas prête de s’inverser. Depuis la mi-juin, les cours se sont en effet effondrés de 35 %. Entre la fin de 2010 et mi-2014, les prix du brut étaient contenus dans une bande allant de 100 à 120 dollars. Il sont aujourd’hui repassés en dessous de la barre des 75 dollars, soit le niveau le plus bas depuis septembre 2010.
Cette situation pénalise en premier lieu des pays comme le Venezuela et l’Iran, dont la situation budgétaire est fragile. Ils demandaient une réduction des pompages pour tenter de stabiliser le marché. Pour les tenants du statu quo au sein de l’OPEP, Arabie saoudite en tête, réduire unilatéralement la production de l’organisation, qui ne représente plus qu’un tiers de l’offre mondiale, serait prendre le risque d’abandonner des parts de marché à d’autres producteurs, notamment nord-américains.
Le développement de l’exploitation de gaz de schiste américain – pays qui s’auto approvisionne largement désormais – a chamboulé la donne, mettant les pays exportateurs de pétrole devant l’impératif de trouver de nouveaux clients. L’essor de la production de pétrole de schiste aux États-Unis et du ralentissement de la croissance en Europe et en Chine, qui fait craindre une baisse durable de la demande.
Les pays occidentaux importateurs de pétrole bénéficient de la baisse des cours. Une estimation du Fonds monétaire international (FMI), qui indique qu’un recul de 30 % du prix du brut accroît le PIB mondial de 0,2 point. Les automobilistes sont les premiers à bénéficier de la baisse. Les prix du gazole et de l’essence ont retrouvé leur niveau de décembre 2010.
Les membres de l’OPEP ont des besoins différents. La plupart ont besoin d’un baril à plus de 100 dollars pour équilibrer leur budget, 160 dollars dans le cas du Venezuela et seulement 90 dollars pour l’Arabie Saoudite. La Russie, qui produit 10,5 millions de BPJ, soit 11 % de l’offre mondiale, a eu mardi des discussions avec plusieurs représentants de l’OPEP, dont elle ne fait pas partie. Le budget russe dépend quant à lui pour plus de la moitié des recettes des hydrocarbures. Or cette chute des cours du brut se conjugue à la fuite massive des capitaux depuis un an et aux sanctions prises par les Occidentaux contre Moscou.
L’autre grand perdant de chute des prix du brut, c’est l’environnement. D’une part, la consommation, tirée vers le haut par les faibles prix, signifie que plus de gaz à effet de serre vont être relâchés dans l’atmosphère. Cela tire aussi vers le bas le prix du gaz, et pourrait dissuader les gouvernements et les industriels de remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables (éolien, solaire, etc.) devenues moins compétitives.
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