Palestine : vers la reconnaissance d’un non Etat

Après l’Amérique latine, l’Europe se met en branle pour officiellement reconnaître l’existence de l’Etat palestinien. Seulement ce revirement s’opère alors que les partis dirigeants; les institutions et la société civile palestiniennes sont divisés comme jamais.

 

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Les députés français devraient – sauf surprise – adopter ce mardi 2 décembre une résolution reconnaissant l’Etat palestinien, un texte non contraignant pour le gouvernement mais qui a néanmoins une portée hautement symbolique. Le Parlement français est aujourd’hui le quatrième en Europe à envisager une reconnaissance la Palestine, dans une vague de soutien sans précédent de la part des pays occidentaux, d’autant plus qu’il s’inscrit dans un cadre européen, puisque le Parlement européen votera à son tour, le 17 décembre. prochain.

Le 13 octobre dernier déjà, les élus de la Chambre des communes du Royaume-Uni ouvraient le mouvement, en votant avec une très large majorité un texte de reconnaissance. Quelques jours plus tard, les sénateurs irlandais leur emboîtaient le pas. Le 18 novembre, le Congrès des députés espagnol priait également le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy d’aller vers une reconnaissance. La Suède est en revanche allée plus loin, le 30 octobre, en devenant le premier pays membre de l’Union européenne à reconnaître l’Etat palestinien.

Des associations, partis et organisations des droits de l’homme un peu partout dans le monde font pression contre les entreprises implantées dans les Territoires palestiniens occupés. De même, les députés européens réclament des sanctions contre les biens produits dans les colonies israéliennes de Cisjordanie. Cela illustre le changement substantiel qui s’est produit dans les milieux politiques et l’opinion publique au niveau mondial, et plus particulièrement en Occident.

Au total, 135 pays (en vert sur la carte ci-dessous) dans le monde ont reconnu la Palestine, selon l’Autorité palestinienne.

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Cette tendance ne va pas s’inverser, surtout si le gouvernement nationaliste de Benyamin Nétanyahou – qui comporte trois ministres qui sont eux-mêmes des colons – poursuit sa politique de colonisation, de confiscations de terres et de renforcement du blocus contre Gaza et contre les quartiers palestiniens de Jérusalem-Est.

Le vrai problème est qu’il n’y a pas aujourd’hui de force organisée et crédible pour, en s’appuyant sur cette tendance, faire avancer le projet de construction d’Etat unifié. Aujourd’hui l’autorité d’Etat palestinienne demeure l’OLP, qui est reconnue internationalement comme seul représentant du peuple palestinien et qui occupe le siège de la Palestine à l’ONU. Mais elle n’est guerre plus qu’une coquille vide, sans assise sur le terrain et sans représentativité. Contrairement à un gouvernement classique, l’Autorité palestinienne ne représente pas le peuple palestinien (en particulier les réfugiés) et n’est en théorie pas mandatée pour négocier avec Israël dans le contexte du Conflit israélo-palestinien.

De plus, les tensions qui y opposent le Hamas et le Fatah continuent à plomber les efforts d’union nationale de cette dernière, et il existe aujourd’hui deux Palestines – la Cisjordanie et Gaza. Le Hamas continue de refuser de reconnaître l’existence d’Israël, et figure encore comme organisation terroriste dans bien des pays. Tant que le parti ne sera pas ouvert à la négociation, il sera autant un frein au développement de son pays qu’à une paix durable. Les Palestiniens ne sortiront de ce paradoxe qu’en permettant l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants. En attendant, la communauté internationale se mobilisera pour un non Etat.

 

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