On est loin des pourparlers de paix, encore d’actualité il y a deux mois. La guérilla islamiste a entrepris de contrôler de vastes territoires. La menace Boko Haram est plus que jamais préoccupante.
L’enlèvement de 250 écolières en avril dernier dans le nord-est du Nigeria avait l’indignation de la communauté international: Boko Haram, devait être mis dès que possible hors d’état de nuire. Huit mois plus tard, le mouvement a non seulement survécu, mais il se révèle plus puissant et plus ambitieux que jamais. Après s’être longtemps contenté d’opérer des coups de main, il a entrepris de contrôler des territoires et d’offrir à leurs populations quelques services de base sur le modèle de l’Etat islamique au Moyen-Orient.
Boko Haram a fait montre de son immense capacité de nuisance avec un double attentat suicide dans la grande mosquée de Kano, bondée à l’heure de la grande prière. Le bilan fait état de 120 morts. La secte voulait, selon plusieurs analystes, punir le nouvel émir de Kano coupable d’avoir appelé à lutter contre elle. Le lendemain, deux femmes kamikazes s’étaient fait exploser sur un marché de Maiduguri, la capitale du Borno. Un massacre exactement similaire avait été perpétré sept jours auparavant. Au total, on a relevé près de 60 morts.
La zone d’action de Boko Haram s’étend jusqu’à quelques dizaines de kilomètres seulement de N’Djamena et des opérations militaires quotidiennes ont lieu à proximité de la frontière tchadienne. Des contacts et des échanges auraient lieu entre les groupes armés terroristes du nord du Mali et du Nigeria. Des membres du groupe djihadiste sahélien al-Mourabitoune seraient ainsi venus récemment dispenser à Boko Haram une formation pour fabriquer des engins explosifs improvisés et des cours de communication.
Dans le rapport, qui est présenté ce mercredi au Conseil de sécurité, le bureau des Nations unies pour l’Afrique centrale s’alarme du nombre croissant des attaques de Boko Haram le long de la frontière entre le Nigeria et le Cameroun et dans les provinces septentrionales de ce dernier. Une délégation de l’ONU, envoyée dans la région fin octobre, a trouvé sur place une économie déstabilisée par la crise.
Le rapport fait état d’une forte augmentation des prix des produits importés du Nigeria. Des milliers de jeunes sont sans emploi en raison de la réduction des activités transfrontalières et certaines localités qui vivaient des échanges ont été désertées par les commerçants. Les attaques de Boko Haram au Nigeria ont par ailleurs provoqué un afflux de réfugiés dans le nord du Cameroun. Ils sont plus de 17 000 dans le camp de réfugiés de Minawo. Les Nations unies craignent que la situation ne se transforme en « crise humanitaire très grave ».
On redoute également le pouvoir d’attraction que pourrait exercer le mouvement auprès de djihadistes occidentaux, à l’image de Daech. Les jeunes djihadistes vont en Syrie et non au Mali parce que la combat de la scete n’est pas encore très relayé, mais certains pourraient être tentés par un djihad moins risqué. On peut craindre un phénomène de vases communicants qui concernerait des djihadistes d’opportunité.
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