Les monarchies du Golfe, voix les plus fortes au sein de l’OPEP, accusent des pays non membres de l’organisation d’avoir provoqué l’effondrement des cours du brut par un excès de production.
Réunis à Abu Dhabi ce week-end pour un forum sur l’énergie, les monarchies du Golfe ont choisi de durcir le ton vis-à-vis des pays producteurs de pétrole non-membres de l’Opep. L’Arabie saoudite, chef de file de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, et le Koweït ont exclu de réduire leur production, et ce même si les pays non-Opep décidaient pour leur part de resserrer les robinets.
L’effondrement des cours du brut est en bonne partie lié à un changement fondamental sur le marché mondial de l’énergie. D’un côté, les prix élevés du pétrole ont poussé des pays à se tourner vers des sources d’énergies plus efficaces ou renouvelables, tandis que, de l’autre, les améliorations technologiques favorisaient un boom du pétrole de schiste.
Au fur et à mesure que leur production de pétrole de schiste augmentait, les Etats-Unis ont réduit ou cessé leurs importations pétrolières d’Afrique de l’Ouest, du Moyen-Orient et d’Amérique latine, poussant ces pays à entrer en compétition pour conquérir les marchés asiatiques. «Cela a créé un changement dans les flux pétroliers» internationaux, estime le directeur de l’Institut Osford pour les études énergétiques, Bassam Fattouh.
La détermination des puissantes monarchies du Golfe à neutraliser les producteurs non-conventionnels de pétrole, notamment de schiste, renforce cependant les incertitudes qui planent sur l’avenir du marché pétrolier, selon des responsables et des analystes L’Arabie saoudite et le Koweït sont des membres influents de l’Opep et ils pompent, avec les Emirats arabes unis et le Qatar, quelque 16 millions de barils par jour (mbj), soit plus de la moitié de la production du cartel de douze membres. L’Opep a décidé fin novembre à Vienne de maintenir à 30 mbj son plafond de production malgré une surabondance de l’offre et une chute des cours.
Le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi a déclaré lors d’un forum arabe sur l’énergie à Abou Dhabi que les pays de l’organisation « [doivent] attendre et voir si l’extraction du pétrole de schiste peut continuer après l’effondrement des cours. (…) Cela pourrait prendre un, deux ou trois ans. Nous ne savons pas ce qui se passera. Ce qui est certain cependant, c’est que les producteurs à haut rendement vont dominer le marché à l’avenir »
Mais il demeure un risque lié à la surabondance actuelle de l’offre et la faiblesse globale de la demande, causée par la fragilité de l’économie mondiale. Cela pourrait mener à une augmentation des stocks en 2015 et donc en de nouvelles pressions à la baisse sur les prix. D’autant qu’avec le retour possible de l’Iran sur le marché en cas d’accord sur le dossier nucléaire, avec l’augmentation prévue de la production irakienne et avec la hausse toujours envisageable, mais improbable au vu de la situation du pays, de la production libyenne, l’offre risque bel et bien de décoller.
L’Iran, membre de l’Opep, et la Russie, dont les économies dépendent largement de leurs recettes pétrolières, ont évoqué un complot tendant à maintenir des prix bas sur les marchés pétroliers et handicaper leur économie.
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