Fin abrupte des polémiques électorales béninoises

Fin abrupte des polémiques électorales béninoises

Après 19 mois de report des élections au Bénin, le président, Boni Yayi, s’explique. Il accuse le Cos-Lepi, l’organe chargé de corriger et d’actualiser la Liste électorale permanente informatisée (Lepi) sans lequel il ne peut pas y avoir de scrutin. Ce grand fiasco institutionnel a finalement fait l’objet d’une décision de la Cour constitutionnelle. Analyse.

« Comme vous le savez, notre pays n’a pas réussi à organiser les élections communales, municipales et locales initialement prévues en mars 2013, malgré mon insistance auprès des institutions chargées de leur organisation. Nul ne peut, raisonnablement, se réjouir de ce dysfonctionnement qui ternit gravement à l’international l’image de notre pays et de sa démocratie. »

Lors de son intervention pour la nouvelle année, le président Yayi avait vivement critiqué le travail du Conseil d’Orientation et de Supervision de la Lépi (Cos-Lépi), la rendant responsable du fiasco électoral béninois. L’actualisation de la liste électorale officielle est au cœur de tensions politiques entre pouvoir et opposition. Celle-ci accuse le Président de vouloir détourner son utilisation pour se faire réélire. Ce désaccord bloque le processus électoral.

Le pouvoir exécutif a été dessaisi de la prérogative de l’organisation des élections dans la Constitution du 11 décembre 1990 (article 98) qui établit que les questions électorales relèvent du domaine de la loi – c’est à dire de l’Assemblée Nationale, unique chambre du Parlement béninois. Cette dernière a décidé de mettre en place en mai 2013, le Cos-Lépi, alors que les élections locales, communales et municipales étaient supposées se tenir en mars 2013. La Commission électorale nationale autonome (Céna), organe chargé de la supervision de ces élections, a quant à elle été mise en place en juillet 2014, soit 17 mois trop tard.

Dans de son allocation, le président a exprimé son souhait que les députés à l’Assemblée nationale votent une loi dérogatoire pour qu’il puisse prendre l’affaire en main, et organiser rapidement les élections. « Je ne veux pas me substituer non plus au Cos-Lép », a-t-il rassuré, « mais je souhaiterais qu’il mette aussi à disposition la Lépi au plus tard le 15 janvier ».

La réplique ne s’est pas fait attendre. Le Cos-Lepi s’est expliqué sur un processus beaucoup plus long que prévu. Pour son président, la raison est simple, la tâche de l’organisme va au-delà d’un simple travail de correction, il s’agit d’une réécriture : « On reprend à zéro la Liste électorale permanente informatisée. On a rasé le bâtiment et on a repris la fondation. (…) ce [procédé] va garantir la paix pendant sept ans à venir. Aucun camp politique ne maîtrise la Lepi que nous faisons. C’est un travail limpide. Il n’y aura, ni village fictif, ni bureau de vote fictif, c’est peut-être là où se situe la peur ».

Il apparaît que le Bénin risque d’aller aux prochaines élections législatives et communales avec la Lépi contestée de 2011. La Cour constitutionnelle béninoise a sonné la fin de la récréation et vient d’ordonner la tenue des élections législatives pour le 26 avril 2015. Le Cos-lépi doit désormais finaliser la correction de la Lépi et la livrer le 15 janvier. A défaut, la Céna sera autorisée à organiser les élections sur la base de l’ancienne liste électorale permanente informatisée.

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