Dans les pays affectés par Ebola l’impact de l’épidémie est considérable et rappelle que la sécurité sanitaire est un bien public mondial. Au Libéria, en Sierre Leone et en Guinée les services de santé sont dépassés et les pathologies courantes ne sont plus prises en charge correctement…
Le paludisme ne doit pas être oublié
« L’épidémie d’Ebola a dévasté trois pays, semant ses graines de paranoïa à travers le globe. À la catastrophe sanitaire engendrée par le virus vont s’en succéder d’autres et notamment le paludisme, qui reste endémique» nous rappelle l’éditorial du Times daté du 7 janvier dernier. Au cours des neuf derniers mois, 8 000 personnes sont mortes d’Ebola mais, dans le même temps, plus de 7 000 autres ont succombé au paludisme.
Le pire dans tout ça, c’est que la lutte contre le paludisme à des effets qui sont positifs sur la lutte contre Ebola. La revue scientifique britannique Nature nous rappelle que début décembre, les personnels de santé ont distribué des traitements anti-paludisme à pas moins de deux millions et demi d’individus en Sierra Leone. Ces distributions ont un double effet car elles permettent tout d’abord de réduire le nombre de contaminations mais aussi de diminuer le nombre de gens présentant des symptômes pouvant être confondus avec Ebola ce qui permet alors de mieux traiter les victimes de cette épidémie.
Pas assez de moyens pour éradiquer l’épidémie
Rappelons qu’Ebola ne frappe pas par hasard. En effet, le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée sont parmi les pays disposant du plus faible indice de développement humain au monde ce qui explique en partie le rythme de propagation de l’épidémie. Ces pays ne bénéficient pas de bonnes infrastructures de santé, des ressources humaines et de la gouvernance pour faire face seuls à ce fléau.
Les scénarios les plus optimistes parlent d’une épidémie qui serait contenue début 2015 avec 20 000 cas. Pour les scénarios pessimistes ont parle d’une épidémie s’aggravant jusqu’à la fin du premier semestre de 2015 et touchant 200 000 personnes ! Les économies subiraient alors un choc mettant des années à se résorber.
Il convient donc de repenser les politiques de santé qui existent actuellement en Afrique. Ces politiques sont sous-financées et cela renvoie à la responsabilité des Etats qui s’étaient engagés en 2001 à Abuja à consacrer au moins 15% de leur budget à la santé. Depuis ce jour, seul le Rwanda et l’Afrique du Sud ont tenu leurs engagements.
Mais une autre question se pose : pourquoi les pays les plus riches ne font-ils pas plus pour aider l’Afrique à sortir de ce puis sans fond ? Loin des yeux, loin du cœur dit le proverbe et c’est malheureusement bien souvent le cas. Depuis l’Europe ou l’Amérique nous ne pouvons pas nous rendre compte de ce qu’il se passe sur le continent africain, tout cela parait trop loin. Les habitants de ces pays vivent une toute autre réalité que la nôtre, une réalité que nous avons beaucoup de mal à imaginer.
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