Le Nigéria, pays africain le plus peuplé, est aujourd’hui en proie à une désolation globale : socio-économique, sécuritaire, morale. Bien que première économie du continent, grâce à des ressources pétrolières découvertes dans les années 1950, la population nigériane demeure très pauvre. Tandis que l’Etat connait une forte croissance de sa démographie depuis de nombreuses années, il semble primordial qu’il s’intéresse à la problématique de la jeunesse et de son avenir.
Lorsqu’ils ne sont pas enrôlés de force dans les rangs de Boko Haram, certains jeunes Nigérians se voient instrumentalisés par cette secte islamiste afin de répandre son message de terreur dans le pays, dévasté depuis des années par le fanatisme religieux. Début janvier, un attentat-suicide faisait 20 morts sur un marché au nord-est du pays. Le kamikaze ? Une fillette de 10 ans. Ce destin, tragique, contraste singulièrement avec certaines actions entreprises à l’égard de la jeunesse nigériane, mais souligne la dualité des priorités gouvernementales vis-à-vis d’elle : liberté et développement.
Campagne « Act 2015 ! », symbole des entreprises pro-jeunesse
Début décembre 2014, le gouvernement nigérian annonçait la formation de 600 jeunes issus de différentes zones du pays, aux technologies de l’information et de la communication (TIC). Abuja, la capitale, espère ainsi rendre toute une frange de la jeunesse indépendante vis-à-vis des produits importés, afin de résorber le chômage de masse et d’améliorer son produit intérieur brut (PIB). D’après Peter Jack, directeur général de l’Agence nationale de développement des TIC, « c’est un outil efficace pour engager constructivement la jeunesse et faire ressortir son aptitude créative. » Des intentions louables, certes, mais à mille lieues des préoccupations de certains jeunes, qui aspirent à la liberté, tout simplement.
Cependant, l’action du gouvernement de Goodluck Jonathan, président de la République fédérale, en faveur de la jeunesse, est évidemment à souligner. Dans le domaine de la santé, tandis que le Sida provoque la mort de 200 000 Nigérians par an, les ministères de la jeunesse et de la santé ont lancé, avec une soixantaine de représentants des jeunes Nigérians, la campagne « Act 2015 ! », en août dernier. En plus de les sensibiliser aux questions sanitaires, le gouvernement a souhaité leur témoigner de sa volonté de prioriser cette thématique dans ses relations avec les Nations unies. D’un point de vue économique, également, des progrès se sont fait ressentir grâce à de nombreuses réformes de l’urbanisme et des infrastructures multiples ; le gouvernement comptant sur le secteur des télécommunications, notamment, pour endiguer le chômage en faveur de la jeunesse.
Une corruption qui hypothèque l’avenir de la jeunesse
Plus globalement, l’Afrique a pris conscience de la « bombe à retardement » que représenterait cette tranche d’âge si elle apparaissait délaissée. Comme dans de nombreux pays continentaux, le Nigéria a son lot de chômage des jeunes, parfois bardés de diplômes. En juin dernier, le sommet des leaders de la jeunesse se tenait ainsi à Abuja, dans l’optique d’approfondir les problématiques de l’éducation, de l’emploi et de la carrière des jeunes.
Au-delà de ces préoccupations, un secteur en particulier semble focaliser l’attention des jeunes Nigérians : celui de la corruption. Et c’est bien naturel. Tandis que le pays, première puissance économique d’Afrique, bénéficie d’une manne en hydrocarbures importante, il est le seul parmi les Etats pétroliers à enregistrer un déficit budgétaire. Ceci étant dû, en majorité, à l’affairisme et aux affaires de corruption qui règnent au sommet de l’Etat. Dès lors, la démarche de la jeunesse nigériane est simple : le gouvernement ne parvient – ou ne souhaite – pas à endiguer le mal endémique qui hypothèque ses chances d’un avenir meilleur ? Les organisations de jeunes fleurissent pour influencer les politiques et fournir à cette catégorie d’âge les droits auxquels elle n’a, justement, pas droit. Et rejoignent la « classe moyenne qui sert de contre-pouvoir en créant un pont entre la classe dirigeante et la société civile », d’après Stéphane Gaultier, directeur financier d’une start-up.
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