La Norvège à l’heure de la reconversion énergétique

La Norvège à l’heure de la reconversion énergétique

Frappée de plein fouet par la crise pétrolière et la forte baisse des prix du baril depuis plusieurs mois, la Norvège a vu son taux de chômage grimper en flèche dans les régions pétrolifères, et souhaite désormais s’engager pleinement dans la transition énergétique. Le gouvernement norvégien entend pour cela exploiter le fort potentiel éolien offert par la mer du Nord, et noue des partenariats avec des grands groupes énergétiques, au premier rang desquels EDF, leader européen dans les énergies renouvelables.

Crise pétrolière et transition énergétique 

Avec seulement 4,1% de chômage, la région pétrolifère du sud-ouest de la Norvège a de quoi faire des envieux au regard des problèmes d’emplois rencontrés dans le reste de l’Europe. Pourtant, ce taux relativement faible masque une augmentation de plus de 80% en moins d’un an et reflète l’état d’une économie régionale ultra dépendante à l’industrie pétrolière. La chute du cours du baril, passé de plus de 100 dollars début 2014 à environ 45 dollars aujourd’hui, a eu des effets dévastateurs à Stavanger par exemple, capitale norvégienne des hydrocarbures, incitant les groupes pétroliers locaux à réduire leurs investissements et leurs personnels.

Une situation critique qui pousse aujourd’hui le pays, déjà fortement équipé en énergies propres, à redoubler d’efforts pour achever d’ici à 2050 sa transition énergétique. La Norvège produit déjà plus de 98% de son électricité via des sources de production renouvelables (hydraulique principalement), et ces régions pétrolifères disposent de grandes capacités de production éoliennes.

Comme l’explique sur RTL Info Christine Sagen Vestbø, maire de Stavanger, « nous devons développer plus de postes dans les énergies renouvelables. Nous possédons la technologie du secteur pétrogazier, nous devons l’utiliser dans le solaire et dans l’éolien à terre et en mer ».

Les promesses de l’énergie éolienne offshore

Le gouvernement entend donc mettre à profit ces ressources encore inexploitées pour diversifier son offre énergétique, augmenter significativement sa production, et faire profiter l’ensemble des consommateurs européens d’une énergie verte et durable produite en mer du Nord.

Selon une cartographie des vents, l’Etat nordique se place en deuxième position derrière le Portugal en matière de ressources éoliennes, et l’énergie éolienne offshore, notamment, représenterait un potentiel de production énorme pour ce pays scandinave. Cependant, avec seulement 705 MW de puissance installée en 2013, la Norvège est pour l’instant un acteur mineur du secteur éolien dans le monde, représentant moins de 0,25 % de la capacité mondiale totale installée. Une situation qui devrait toutefois évoluer de manière radicale au regard des prétentions affichées par le gouvernement et des nombreux projets de parcs éoliens offshore à l’étude.

Ces parcs permettront de répondre aux exigences européennes tout en participant à la « décarbonisation » de la production de pétrole et de gaz, matières premières constituant les principales exportations de la Norvège vers l’UE. Les opportunités offertes par le potentiel renouvelable norvégien outrepassent largement les frontières du pays et pourraient donc profiter à l’ensemble de l’Europe au travers d’importations régulières d’énergie éolienne renouvelable.

Programmes de recherche et partenariats internationaux

Pour cela, la Norvège est aujourd’hui à la pointe dans le domaine de la recherche sur l’énergie osmotique et l’éolien flottant, et développe de nombreux partenariats technologiques à l’international. Le groupe français EDF, par exemple, accompagne le SINTEF (centre de recherche norvégien) dans des programmes de développement de l’éolien offshore et des réseaux sous-marins. L’énergéticien français est le leader, en France, de l’éolien en mer pour ce qui est des capacités en développement, et prend part à l’émergence de cette nouvelle industrie dans l’Hexagone comme à l’étranger. Il dispose d’un solide savoir-faire en la matière et prévoit la mise en service de la première ferme d’éoliennes flottantes, en France, à l’horizon 2018, au large de Port Saint-Louis-du-Rhône.

Le groupe présidé par Jean-Bernard Lévy est, plus globalement, l’un des moteurs, non seulement en France, mais également à l’étranger, du développement des énergies renouvelables, qui se trouvent au cœur de sa stratégie CAP 2030. Tandis que la puissance installée nette de l’énergéticien tricolore, concernant les énergies vertes, est aujourd’hui de 28 GW, elle devrait dépasser les 50 GW dans une quinzaine d’années ; chaque année, plus d’un tiers des investissements estampillés développement est consacré au renouvelable. Il est donc naturel que, jouissant d’une telle capacité – ingénierie, financements – en la matière, EDF assiste certains groupes à l’international désireux d’améliorer leur mix énergétique ; l’électricien français est ainsi présent dans 20 pays et s’appuie sur une politique de partenariats pour s’installer sur de nouveaux marchés, acquérir les meilleures technologies et aider au développement des énergies vertes.

Le SINTEF, de son côté, travaille actuellement en collaboration avec le groupe SubHydro, sur un nouveau système de stockage de l’électricité renouvelable lui permettant d’exploiter la pression sous-marine (hydrostatique) pour restituer l’énergie produite lors des pics de production. L’innovation de SubHydro consiste à ancrer au fond la mer des sphères creuses en béton et en contact avec l’air atmosphérique vie un tube de ventilation. Quand la production éolienne ou solaire est faible, de l’eau s’engouffre dans la sphère entraînant une turbine, comme dans une centrale hydroélectrique classique. Quand la production éolienne ou solaire est abondante, l’excès d’électricité est utilisé pour chasser l’eau de la sphère et la remplacer par de l’air.

Pour rappel, une première éolienne flottante est testée depuis 2009 à 11 km des côtes norvégiennes par le groupe pétrolier Statoil. Baptisée Hywind, elle utilise une technologie spécifique, appelée « Spar », similaire à la quille d’un bateau, pour se stabiliser.

Crédits photo : Statkraft

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