La police tchadienne a déclaré avoir procédé au démantèlement d’un réseau de trafiquants d’armes dans la ville de N’Djamena. Une opération suivie rapidement par de nouvelles mesures gouvernementales pour renforcer la sécurité du pays face à d’éventuelles attaques terroristes.
Le 18 janvier dernier, Paul Manga, le porte-parole de la police tchadienne, a annoncé qu’un réseau de trafic d’armes à feu et de voitures volées destinées aux terroristes de la sous-région du bassin du lac Tchad avait été démantelé à N’Djamena. Quatre individus ont été arrêtés par les autorités alors que d’importantes quantités d’armes et de véhicules étaient également saisies dans la capitale tchadienne.
« Ce réseau compte des individus de différentes nationalités (nigériane, tchadienne et camerounaise) qui entretenaient un trafic d’armes et de voitures volées dans le Nord Camerounais et à la frontière nigériane, pour ravitailler des terroristes dans la sous-région » du bassin du lac Tchad, a expliqué Paul Manga aux médias.
D’après l’enquête toujours en cours, l’homme à la tête de ce trafic terroriste serait Dillo Bachar, un fonctionnaire du ministère tchadien des Finances et du Budget. Le cerveau du groupe a été appréhendé par la police il y a quelques jours. L’individu était accompagné par trois autres de ses collaborateurs, eux aussi arrêtés.
Si la provenance des voitures volées a bien été identifiée, ces dernières appartiennent aux services publics du Tchad, celle des armes à feu n’a toujours pas été déterminée pour le moment. Cette opération des forces armées tchadiennes répond à un élan gouvernemental fort visant à lutter efficacement contre la menace terroriste qui plane aujourd’hui sur le pays. Exposé non seulement aux risques que représente Boko Haram dans la région, le Tchad doit également faire face aux dangers d’un djihadisme qui fait de plus en plus de dégâts en Afrique.
Un nouveau train de mesures sécuritaires pour éviter les attentats
À la tête du Tchad depuis 1996, année de sa première élection en tant que Président, Idriss Déby est parvenu à traverser les crises et les mouvements rebelles de l’opposition pour imposer, dès 2009, un climat de paix qui a permis aux pays de renforcer son économie et d’améliorer significativement ses relations avec d’autres puissances étrangères.
Si la sécurité du pays a toujours été une priorité, les problématiques liées à la protection du territoire tchadien et de ses citoyens se sont multipliées alors que le pays devenait l’année dernière la cible d’attentats commis par la secte Boko-Haram.
En juin 2015, la capitale N’Djamena était le théâtre d’un double attentat qui provoqua la mort d’une trentaine de personnes. Ces actes perpétrés par Boko-Haram ont rapidement été suivis d’une volonté de la part du chef de l’État de multiplier significativement les mesures afin de renforcer la sécurité dans le pays. On retrouvait parmi ces initiatives l’émission de nouvelles cartes d’identité et de passeports ou encore l’interdiction des activités et des lessives sur le Chari, le fleuve qui sert de frontière entre le Cameroun et le Tchad.
Les pouvoirs publics tchadiens décidaient également d’interdire sur l’ensemble du territoire national le port du voile intégral « dissimulant le visage d’une personne, notamment dans les lieux publics » et de renforcer sensiblement les droits alloués aux forces de l’ordre tchadiennes. Désormais, la police peut ainsi procéder à « des fouilles ciblées et inopinées sur les check-points et les places publiques ».
Vivement critiquées par l’opposition et certains citoyens, ces mesures trouvent pourtant leur légitimité dans un désir profond du gouvernement de protéger le pays de futurs attentats. Ces différentes initiatives sont nées d’un climat de terreur alimenté à la fois par l’action de Boko-Haram et intensifié aujourd’hui par les différentes attaques de groupes djihadistes qui ont touché certains pays africains ces derniers mois.
Les attentats qui ont visé le café Cappucino et l’hôtel Splendid à Ouagadougou ou l’hôtel Radisson à Bamako, ont vivement encouragé le gouvernement tchadien à revoir une nouvelle fois les moyens consacrés au renforcement de la sécurité du pays.
Pour Déby, le Tchad est maintenant une cible du terrorisme islamiste et il faut être capable de réduire au maximum les risques d’attaques en dopant les mesures sécuritaires. Alors que le ministre de la Sécurité publique tchadien rencontrait les responsables des établissements hôteliers après les drames survenus au Burkina Faso et au Mali, Ahmat Mahamat Bachir en profitait pour détailler les actions bientôt en place :
« Nos services vont être en tenue et en civil, en tenue dehors et en civil à l’intérieur. Ils doivent surveiller tous les mouvements : des clients, du personnel, des invités à des réunions, à la réception et au banquet. Nos services vont procéder au contrôle ferme des véhicules, pour ne pas être surpris… », déclarait-il.
Pour lui et le ministre du Tourisme : « La guerre est asymétrique et il faut que chacun de nous soit prêt à repérer la menace et donner l’alerte. » De nombreuses autres mesures viendront compléter le programme de protection du pays défini par le gouvernement Déby, certaines demeurant pour l’instant encore secrètes afin d’optimiser leur efficacité. Une chose est sûre, à quelques mois des prochaines élections présidentielles, le candidat élu devra savoir habilement conjuguer le quotidien des tchadiens avec le risque terroriste. Un équilibre parfois difficile à trouver.
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