Le 29 décembre dernier, à Fuzhou, dans le sud-est de la Chine, la première tranche d’une centrale thermique nouvelle génération a vu le jour, concrétisant les promesses de Pékin de réduire les émissions carbone de sa production d’électricité. D’après le groupe chinois Datang et l’énergéticien français EDF, associés au sein d’une joint-venture, la seconde tranche du projet sera terminée d’ici mars 2016.
22 mois et 6 jours. C’est le temps – record – qu’il aura fallu au groupe China Datang Corporation (CDT) et à l’énergéticien français EDF, associés au sein d’une coentreprise, pour terminer la première tranche de la centrale de Fuzhou, dans la province du Jiangxi (sud-est de la Chine). Avec six mois d’avance sur le planning initial, les deux entreprises ont livré le 29 décembre dernier une première unité de 1 000 mégawatts (MW). « Depuis la phase d’essais, commencée en juin dernier, l’enchaînement a été fulgurant, précise Jean-Christophe Rigaut, « control manager » du projet. La 1ère flamme a eu lieu le 20 octobre et la synchronisation au réseau le 5 décembre. » A terme, la centrale thermique de dernière génération verra sa capacité portée à 2 000 MW.
« Répondre à une volonté politique »
Les discussions entre le français et le chinois, débutées en 2006, avaient débouché sur un accord permettant au groupe tricolore de détenir 49 % de la centrale de Fuzhou. D’après Zhou Wei, directeur adjoint de la joint-venture, « EDF a une forte implication dans [sa] gouvernance, y compris en matière d’exploitation. [Le groupe français] soutient ainsi Datang pour des performances d’exploitation maximales grâce à son expérience à l’international. » Ce n’est effectivement pas la première centrale thermique qu’EDF bâtit en Chine : l’énergéticien français détient notamment 100 % de la centrale de Laibin et 35 % de la centrale de Sanmenxia.
Cette nouvelle infrastructure résulte quant à elle d’une volonté politique forte des autorités locales, décidées à jouer un rôle important dans la réduction globale des gaz à effet de serre. Une ligne de conduite qui n’est pas sans rappeler la position adoptée par Pékin lors de la COP21. Jusqu’à présent engagée dans une croissance effrénée de son économie, via le développement de son tissu industriel notamment, la Chine est également l’un des plus gros pollueurs de la planète – si ce n’est le plus gros pollueur. Une situation guère plus durable qui a incité le gouvernement à infléchir sa philosophie.
La centrale thermique de Fuzhou – dite centrale « supercritique » – a recours à des technologies plus respectueuses de l’environnement et possède un bien meilleur rendement que les centrales thermiques ancienne génération. Selon Zhou Wei, « les équipes [ont été] fortement mobilisées pour répondre aux enjeux du calendrier. Cela répond à une volonté politique : l’objectif d’une mise en exploitation avant fin 2015 a été fixé politiquement dans le plan quinquennal de la province du Jiangxi. Les autorités locales ont donc poussé au respect de cet objectif. »
Bonne entente entre EDF et les groupes chinois
De son côté, EDF estime que « participer à ce projet [lui permet] de maintenir et même d’accroître [ses] compétences dans un domaine de dernière génération. » Christophe Rigaut souligne « l’opportunité pour le groupe de développer [son] portefeuille d’actifs en Chine, de bénéficier de l’expérience chinoise pour renforcer [son] expertise thermique, et de développer [une] offre de services thermiques. » L’énergéticien tricolore s’apprête d’ailleurs à démarrer, en France, la première centrale thermique à « cycle combiné gaz » (CCG) à Bouchain (Nord). Beaucoup moins émettrice en CO2 et en oxyde d’azote qu’une centrale thermique classique, la nouvelle unité – 575 MW de capacité dès cet été – viendra pallier l’intermittence des énergies renouvelables dans la production électrique française.
En plus des inclinations chinoises pour un développement énergétique – et économique ? – plus soucieux de l’environnement, la centrale de Fuzhou démontre la bonne entente, d’un point de vue industriel, entre EDF et les grands groupes chinois de l’énergie. Pour rappel : l’électricien français et l’un de ses homologues, CGN, sont associés dans un projet d’EPR en Grande-Bretagne.
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