L’année 2016 sera chargée pour le Gabon, où se tiendront deux élections : la présidentielle en août et les législatives à l’automne. Alors que Jean Ping tente de rassembler l’opposition derrière lui, la campagne se transforme petit à petit en attaques ad hominem envers le pouvoir. Des travers qui ne doivent cependant pas faire oublier le bilan positif de ces sept dernières années.
Jean Ping face à Ali Bongo
La performance très partiale de deux journalistes pro-Jean Ping à la télévision béninoise indique que la campagne présidentielle est bel et bien lancée au Gabon. L’ancien président de la Commission de l’Union africaine (UA) a été désigné à l’unanimité des voix exprimées (16 sur 27) par les membres du Front de l’opposition pour l’alternance (FOPA), vendredi 15 janvier dernier. Une nomination boudée par plusieurs cadres du Front, qui jugent la procédure non conforme aux statuts. Parmi les frondeurs, le président en exercice de la coalition, Pierre-André Kombila, qui se dit insurgé contre cette « imposture », ou encore Jean de Dieu Moukagni Iwangou, président de l’Union du Peuple Gabonais (UPG) pour qui « cette candidature n’en est pas une ». Pour l’heure, Jean Ping est seul candidat face à l’actuel chef de l’État, Ali Bongo Ondimba. Il n’a quant à lui pas encore indiqué son intention de se porter candidat à sa propre succession, même s’il ne cache pas son ambition de briguer un second mandat.
Bilan de ces sept dernières années
L’actuel président en appelle à une pacification des relations avant la tenue des élections. « Nous devons tous œuvrer pour que ces échéances se déroulent dans les délais constitutionnels, en conformité avec les lois et règlements de la République, dans la liberté et la transparence », a-t-il indiqué. Ces sept années de mandat laissent un bilan globalement positif, même si le chef de l’État reste conscient du chemin qu’il reste à parcourir, ce qu’il a reconnu dans un court bilan dressé à l’occasion de ses vœux à la nation. « Beaucoup reste à faire pour offrir un habitat digne et décent à nos compatriotes. Beaucoup reste à faire pour renforcer l’Etat de droit, la justice et la démocratie ». Anticipant les critiques, notamment sur la réforme des institutions qui demeure un vaste chantier, le chef de l’État n’a pas encore tiré le bilan de ses réformes économiques, point positif de son mandat grâce à des efforts de diversification de l’économie gabonaise.
Vers « une diversification de l’économie » du pays selon Accrombessi
La chute brutale des cours du brut a eu un effet indéniable sur le bilan économique du président. « Le Gabon subit, à l’instar de nombreux autres pays pétroliers, les contrecoups de la chute brutale du prix du baril de pétrole, qui est passé de 117 dollars à moins de 37 dollars aujourd’hui, soit une baisse de 70% de sa valeur », a-t-il indiqué. Mais l’économie gabonaise a plutôt bien résisté en affichant une croissance annuel de 5 % en moyenne, même si elle demeure encore tributaire de la rente pétrolière, les recettes du brut représentant 45 % du PIB et 70 % des exportations. Une dépendance aux énergies fossiles dont le président s’est évertué à sortir depuis 2009, en lançant un vaste plan de diversification de l’économie gabonaise. Fondé sur quatre piliers, le Plan Stratégique Gabon Emergent comprend « Gabon bleu » (gestion de l’eau), « Gabon vert » (gestion des forêts), « Gabon industriel » et « Gabon des services ». « La création d’emplois au Gabon passera également par la diversification de l’économie, et le développement des filières stratégiques de l’agriculture et de l’agro-industrie, de la pêche et du tourisme » annonçait Maixent Accrombessi, directeur de cabinet du chef de l’État. Qui s’était d’ailleurs empressé d’annoncer la signature d’un partenariat avec Pékin, lors du précédent sommet Chine-Afrique, sur la construction de deux stades, entre autres contrats.
Ces efforts ont permis au Gabon de se hisser à la 9ème place des pays d’Afrique où il « fait bon investir », selon le Global Entrepreneurship Index établi par le cabinet londonien Global entrepreneurship and development institute (GEDI). L’indice du GEDI établit le climat général des affaires en analysant notamment les données relatives à la création d’entreprises, au niveau de corruption, à la qualité des infrastructures, au développement des nouvelles technologies de l’information et du numérique, à la souplesse du marché du travail ou encore au marché de capitaux. « Notre indice donne aux décideurs un outil pour comprendre les forces et les faiblesses entrepreneuriales de leur pays, leur permettant ainsi de mettre en œuvre des politiques qui favorisent l’esprit de l’entreprise productive », explique le cabinet.
Un signe fort pour ce petit pays du Golfe de Guinée qui devrait réussir à se positionner dans le peloton de tête des pays qui attirent le plus d’investisseurs sur le continent. Des ressources de taille pour le prochain chef de l’État qui devra immanquablement continuer l’action Ali Bongo vers la diversification économique.
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