L’éducation en Afrique, plus que jamais une nécessité

L’éducation en Afrique, plus que jamais une nécessité

Derrière l’attaque de l’université de Garissa au Kenya, en avril 2015, ce sont bel et bien le savoir, la connaissance, et la culture qui ont été pris pour cibles. Au-delà de ces actes terroristes, des dizaines de millions de jeunes Africains n’ont toujours pas accès à l’éducation ou ne peuvent pas en bénéficier jusqu’au bout. Des entreprises sur le continent, comme Children of Africa de Dominique Nouvian, ou ailleurs, comme Solidarité Afrique en France, œuvrent pour la réintégration des enfants dans le système scolaire

Tout le monde garde en mémoire les exactions perpétrées par les terroristes de Boko Hara, au Nigéria, ou ceux des Chebab, dans la Corne de l’Afrique, contre la jeunesse du continent. Les premiers avaient enlevé quelque 276 fillettes à Chibok (Nigéria) en avril 2014, les seconds avaient choisi de frapper l’université de Garissa (Kenya) un an plus tard, entraînant la mort de 147 personnes. S’il ne fait aucun doute que, derrière de pareils actes, les groupes islamistes – l’un ayant fait allégeance à l’Etat islamique, l’autre à al-Qaïda – cherchent avant tout à déstabiliser les régimes étatiques, leur choix porté sur la jeunesse est loin d’être anecdotique.

Éducation : l’Afrique peine toujours à rattraper son retard

Tandis que les écoles sont généralement moins sécurisées que les ambassades ou d’autres établissements publics, elles sont « dans de nombreuses régions du monde [y compris en Afrique] la seule présence tangible » de l’autorité de l’Etat, selon l’analyse d’un journaliste du Guardian. Quelle que soit la ville, ce mode opératoire a in fine un seul et même but : limiter l’accès des jeunes à l’éducation. L’université américaine de la ville de Yola, à l’extrême-est du Nigéria, où sévit le groupe terroriste Boko Haram, vit ainsi dans la peur permanente d’une attaque terroriste.

« Partout dans le monde, il reste encore 58 millions d’enfants non scolarisés et près de 100 millions d’enfants qui n’achèvent pas le cycle du primaire » regrette Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco. L’organisation internationale vient de dresser le bilan de l’initiative « Education pour tous » (EPT), un engagement de 164 pays acté en 2000 lors du Forum mondial sur l’Education à Dakar (Sénégal), dans un rapport publié l’année dernière. Seize des vingt pays les plus mal notés au regard des efforts réalisés sur cette période sont africains. L’Afrique subsaharienne affiche encore en effet un taux très faible de scolarisation. En 2010, 45% des enfants non scolarisés dans le monde vivaient en Afrique. Les disparités entre États sont très importantes. Le Ghana, par exemple, consacre plus d’un tiers de son budget à l’éducation. Mais l’Unesco met en garde contre une « politique du chiffre » qui se fait au détriment de la qualité. « Pour faire des économies, les gouvernements ont recruté en masse des instituteurs qui ne sont pas formés. Mais ils sont en train de se rendre compte que c’est une erreur » explique Nicole Bella, chargée de l’analyse des politiques éducatives à l’Unesco.

Dominique Nouvian et Solidarité Afrique, deux acteurs de la scolarisation en Afrique

Les jeunes les plus pauvres ont une probabilité quatre fois plus importante de ne pas aller à l’école que les plus aisés. En parallèle, le genre affecte également les probabilités de scolarisation. Dans le monde, deux-tiers des adultes analphabètes sont des femmes. La parité entre les sexes sera atteinte cette année dans 69% des pays en primaire et 48% dans le secondaire, mais la répartition géographique est là encore inégale. L’Afrique subsaharienne demeure le territoire où il reste le plus d’efforts à faire : aucun pays n’est en mesure d’atteindre la parité parmi les élèves du primaire et du secondaire en 2015.

Des progrès ont toutefois été réalisés grâce à la mise en place de politiques incitatives : abolition des frais d’inscription (Ethiopie, Ghana, Kenya, Malawi, Tanzanie, Burundi et Ouganda), campagne audiovisuelle pour l’éducation des filles (Tadjikistan), construction d’écoles (Mozambique), repas à l’école (32 pays d’Afrique subsaharienne). En Côte d’Ivoire, des ONG, dont la plus ancienne, la Fondation Children of Africa de Dominique Nouvian, la première Dame, mènent des actions de terrain pour lutter contre le travail des enfants et les ramener sur le chemin de l’école – 43% de la jeunesse ivoirienne ne suit pas de scolarité normale selon une étude de l’Unicef et du ministère de l’Education sur le taux de scolarisation des enfants. En janvier dernier, Madame Nouvian a ainsi offert près de 300 tenues scolaires aux meilleurs écoliers de la sous-préfecture de Kaouara, une manière d’ « encourager les enfants à travailler davantage, à cultiver l’excellence à l’école pour rehausser le système éducatif ivoirien » selon Koné Christ Richard, le sous-préfet du département.

Il n’y a pas qu’en Afrique, d’ailleurs, que la problématique de la scolarisation sur le continent se pose. L’association Solidarité Afrique, par exemple, basée à Lyon (Rhône), financera en 2016 la construction de deux salles de classe au Cameroun ; « 350 enfants étaient scolarisés, soit un enfant sur trois, lors de notre arrivée. Ils sont maintenant 700 » détaille Théo Marteil, le président fondateur de l’association. Qui projette également d’envoyer des livres pour la constitution d’une bibliothèque municipale. Si la voie de la scolarisation en Afrique est encore longue, les initiatives comme celle de Solidarité Afrique, quelle que soit leur importance, y participe grandement.

 

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