Tchad : Idriss Déby change de Premier ministre

Tchad : Idriss Déby change de Premier ministre

Le Premier ministre tchadien a jeté l’éponge à seulement deux mois des élections présidentielles. En choisissant Albert Pahimi Padacké pour le remplacer, Idriss Déby Itno s’est assuré « un gouvernement de combat électoral ». Mais outre cette période électorale, le nouveau chef du gouvernement a de nombreux défis économiques à relever.

Albert Pahimi Padacké, nouveau Premier ministre

Le 13 février dernier, deux mois à peine avant les prochaines échéances électorales, Albert Pahimi Padacké a pris la place de Kalzebé Pahimi Deubet, qui, après seulement deux ans en poste, a présenté sa démission à Idriss Déby Itno (IDI). Le nouveau chef du gouvernement dirige le Rassemblement national des démocrates tchadiens (RNDT-Le Réveil), un parti représenté à l’Assemblée nationale par huit députés depuis les élections législatives de 2011. Il a occupé plusieurs postes de ministre dans les gouvernements d’IDI: ministre des Finances puis du Commerce jusqu’en 1997, secrétaire d’État aux Finances puis ministre des Mines, de l’Energie et du Pétrole en 2001.

Elu député pour le RNDT-Le Réveil en 2002, Padacké s’est porté candidat pour le parti à l’élection présidentielle de 2006 lors de laquelle il est arrivé en troisième position avec 7,82 % des votes. Il a refait son entrée au gouvernement par la suite comme ministre de la Justice. Padacké n’avait pas caché son intention de se présenter comme candidat à la prochaine élection présidentielle, mais il aura été rattrapé par le Président Déby qui entend bien construire un gouvernement solide et rassembleur pour s’assurer la victoire le 10 avril prochain.

« Gouvernement de combat électoral »

Quelques jours après sa nomination, le 16 février, Padacké dévoilait la composition de son gouvernement, qui compte à présent 38 ministres et secrétaires d’État, dont 7 femmes, contre 29 membres pour la précédente équipe dont seulement 2 secrétaires d’État. Les postes clés restent inchangés, notamment Moussa Faki Mahamat aux Affaires étrangères, Djerassem Lebemadjiel au Pétrole et aux Énergies, et enfin Ahmat Mahamat Bachir à la Sécurité Publique.

Ce « gouvernement de combat électoral » selon les termes d’un observateur, doit encore être soumis à l’approbation de l’Assemblée nationale. La majorité au pouvoir, le Mouvement patriotique du salut (MPS) devrait venir en soutien au parti de Padacké qui compte peu de députés.

Défis économiques

C’est dans un contexte économique très particulier qu’Albert Pahimi Padacké reprend les rênes du gouvernement. Idriss Déby Itno a amorcé un grand tournant vers la diversification de l’économie tchadienne. Le pays courrait en effet le risque d’être fragilisé sur deux fronts : l’insécurité dans la région et la chute ininterrompue des cours du pétrole brut, dont est fortement dépendante l’économie tchadienne.

Pourtant, la croissance s’est maintenue à 7,6 % en 2015 selon le FMI et le pays attire toujours plus d’investisseurs. Il a ainsi réussi à atteindre la troisième place de l’Africa Performance Index (API) qui évalue le développement économique de pays africains. Signe que les grands projets d’infrastructures lancés, comme la construction de la Cité internationale des affaires à N’Djamena pour un coût total de 366 millions d’euros, ont été payants. Mais l’effort de diversification doit être poursuivi et même accentué. Le gouvernement doit avoir en tête que l’heure de l’indépendance des matières premières a sonné.

Conserver une place de leader en matière de sécurité de la région

La sécurité doit elle aussi être une priorité numéro 1 du nouveau gouvernement. Les attaques terroristes au Sahel se multiplient et le Tchad commence à payer le prix de sa politique volontariste. Le chef de l’État a décidé de faire de la lutte antiterroriste sa priorité et a ordonné le déblocage de 3 milliards de Francs CFA (4,57 millions d’euros) au moment du décret de l’état d’urgence le 9 novembre dernier. Centre névralgique de la coordination internationale de la lutte antiterroriste, N’Djamena accueille aujourd’hui le commandement de l’opération Barkhane menée par l’armée française. Le pays vient également en soutien à ses voisins, en particulier au Mali où 2000 hommes de l’armée tchadienne sont postés depuis février 2013.

Grâce à sa stabilité politique et à sa situation géographique, le Tchad a acquis un leadership en matière de sécurité dans toute la région. Le nouveau gouvernement devra faire en sorte de la conserver, pour la stabilité de la région mais aussi pour le bien-être de sa population dont on a vu à l’automne dernier, au marché de Baga Sola ou encore sur l’île de Koulfoua, qu’elle ne serait pas toujours épargnée malgré les efforts déployés. En nommant Albert Pahimi Padacké nouveau Premier ministre, Idriss Déby Itno s’est doté d’une force politique de poids pour faire face aux élections prochaines, mais surtout aux défis qui lui succèderont en cas de victoire.

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