Alors que le premier tour de la présidentielle congolaise approche à grand pas, un sondage réalisé par l’institut d’études TNS Sofres donne le président sortant vainqueur avec une avance considérable, et ce dès le premier tour. Face à une opposition divisée et fort d’un bilan solide, Denis Sassou Nguesso s’attend à une victoire confortable.
La présidentielle congolaise aura fait couler beaucoup d’encre. D’une part parce qu’elle marquera sans doute le début d’un nouveau mandat du président sortant Denis Sassou Nguesso, sous l’empire d’une Constitution revue et corrigée en fin d’année dernière. D’autre part parce qu’il s’agit du retour sur la scène politique d’une opposition qui a longtemps joué la politique de la chaise vide, sans grand succès. Tous les indicateurs annoncent donc un rendez-vous politique majeur, que la presse n’a pas manqué de décortiquer dans les moindres détails. Les instituts de sondage non plus. Quelques jours avant l’échéance, les premières estimations tombent. L’institut français TNS Sofres annonce ainsi une victoire sans appel du président sortant, et ce dès le premier tour du scrutin, avec 75,08% d’intentions de vote.
Si la popularité du président congolais n’est plus à démontrer au sein de son pays – ni son impopularité parmi la diaspora, principalement constituée d’opposants ayant quitté le Congo à la fin de la guerre civile – un tel résultat étonne par l’importance de l’avance qui lui est accordée, et par le score relativement faible de certains opposants pourtant rentrés dans la course à grand bruit dans la presse française. Jean-Marie Michel Mokoko, ancien chef de l’Etat-major de l’armée congolaise, puis représentant spécial de la Commission de l’Union africaine (UA), objet de toutes les attentions de la part de certains médias hexagonaux, qui n’hésitaient pas à le présenter comme l’adversaire numéro un de Sassou Nguesso, n’obtiendrait ainsi que 0,35 % des voix, toujours selon TNS Sofres. C’est dire la déconnexion flagrante entre les vues des éditorialistes français et les réalités du terrain. La renommée institutionnelle de l’homme n’a visiblement pas fait le poids auprès des Congolais, qui doutent de ses capacités à diriger le pays.
Nombre d’analystes ont vu ces élections à travers leur prisme international, ce qui leur a fait perdre de vue les vérités nationales – à l’instar des dernières législatives britanniques, où un phénomène spéculatif de la presse européenne continentale avait donné Ed Miliband gagnant, prévoyant sur une certaine lassitude vis à vis de la gouvernance du Premier ministre sortant, David Cameron. Ces prédictions ont été amèrement douchées, alors que ce dernier a été réélu de façon écrasante. Wishful thinking, ont répondu les électeurs. De la même manière, les électeurs congolais semblent vouloir faire passer un message : le choix de leur dirigeant leur appartient, à eux et à personne d’autre.
S’il est à prévoir que l’opposition, pour essayer de camoufler sa débâcle, crie à la fraude lors de la publication des résultats – pratique courante et bien souvent justifiée en Afrique centrale – le sondage TNS Sofres devrait rapidement disqualifier ces récriminations. L’institut français est en effet l’un des plus réputés au monde, il est connu et reconnu pour la fiabilité de ses estimations, et l’on voit mal un candidat crédité des trois quarts des intentions de votes tenter de faire grossir ce chiffre en ayant recours à la fraude. A quoi bon ? Pourquoi prendre un tel risque, quand les rues de Brazzaville et de Pointe-Noire n’aspirent visiblement qu’à la réélection de Sassou Nguesso ?
La transparence de la présidentielle devrait donc être totale, d’autant qu’un certain nombre d’organismes dépêcheront des observateurs sur place pour s’en assurer. L’Union africaine a ainsi décidé de créer une commission. Quant à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), elle a été sollicitée par les autorités congolaises et devrait envoyer un ou plusieurs représentants.
Systématiquement réélu avec des scores honorables, Sassou Nguesso prouvait une nouvelle fois, en décembre dernier, l’engouement qu’il suscitait auprès de ses concitoyens. Organisé à son initiative, le référendum portant sur une modification de la Constitution récoltait en effet près de 92% de suffrages positifs, pour un taux participation de plus de 70% – un chiffre qui fait rougir en France. Une popularité qu’il devrait confirmer le 20 mars prochain.
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