Une affaire qui est devenue le symbole de la haine du pouvoir turc à l’égard des médias d’opposition. Deux journalistes du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, risquent la prison à perpétuité pour espionnage, divulgation de secret d’Etat, tentative de coup d’Etat et assistance à organisation terroriste.
Leur procès s’est ouvert ce vendredi 25 mars, et survient dans un climat de répression intensive du pouvoir à l’égard des médias d’opposition, au lendemain de l’expulsion de la presse étrangère et de la tutelle étatique infligée au journal Zaman. Le président Erdogan a par ailleurs pris ses précautions, proclamant le procès à huis clos pour raison de sécurité d’Etat. Le procureur a exigé la réclusion criminelle à vie pour ces deux journalistes.
Une parodie de justice pour la défense. Entre 200 et 200 personnes étaient au palais de justice d’Istanbul. Des journalistes, avocats ou défenseurs des droits de l’Homme pour la plupart, tous étaient réunis pour affirmer leur soutien à Can Dündar et Erdem Gül. Le président turc et les services de renseignements du pays seront représentés par leurs avocats, la Cour ayant pris la décision de les constituer partie civile, les considérant victimes directes dans cette affaire. Les avocats de la défense ont fait état d’une intervention politique dans les affaires de la Cour.
Le journal Cumhurivet avait divulgué début 2014 des photos d’armes interceptées dans des camions, à la frontière syrienne, par des gendarmes turcs. Ces camions avaient été officiellement affrétés par une organisation humanitaire, mais seraient en réalité la propriété des services de renseignement turcs.
Recep Tayyip Erdogan avait alors affirmé qu’il allait faire « payer le prix fort » à l’auteur de ces révélations, portant plainte personnellement contre le rédacteur en chef du Cumhurivet et menacé de dissoudre la Cour constitutionnelle quand cette dernière a remis les deux journalistes en liberté à la suite de trois mois de détention provisoire.
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