La Première Dame ivoirienne, Dominique Nouvian, s’est entretenue avec le directeur de l’OIT, Guy Ryder, au sujet des pires formes de travail des enfants. Un accord historique a été signé à cette occasion, alors que le pays africain poursuit ses efforts pour endiguer le travail infantile.
Lundi 24 avril 2016, Dominique Nouvian, Première Dame de Côte d’Ivoire, s’est rendue à Genève, au siège de l’Organisation internationale du travail (OIT), pour s’entretenir avec le directeur général de l’organisation, Guy Ryder. Par ailleurs présidente du Comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants (CNS), Dominique Nouvian était accompagnée du ministre de l’Emploi et de la Protection Sociale, Dosso Moussa, du directeur du Bureau internationale du travail (BIT) pour la Côte d’Ivoire, Dramane Haidara, et de Massandjé Touré-Litsé, directrice générale du Conseil Café-Cacao.
Travail ou « activité socialisante » ?
Ces dernières années, la Côte d’Ivoire s’est illustrée par ses progrès dans le domaine de la lutte contre le travail des enfants. Une politique volontariste et l’implication de la société civile, des partenaires sociaux et de plusieurs grandes entreprises concernées, ont ainsi permis de mieux encadrer le recours à cette main d’œuvre bon marché, en particulier dans la filière cacaoyère. Le pays d’Afrique de l’Ouest est en effet le premier exportateur de cacao au monde, avec plus de 40 % des exportations mondiales.
Le Plan d’Action National 2012-2014 (PAN), financé par l’État ivoirien et plusieurs partenaires pour un montant de 14 millions de dollars, a été prolongé. 17 000 salles de classe ont pu être construites dans le préscolaire et le primaire, ainsi que 155 collèges de 2011 à 2015 qui ont pu être construits ou réhabilités. Par ailleurs, l’application effective de la loi portant interdiction de la traite et des pires formes de travail des enfants a permis de condamner 25 trafiquants d’enfants.
Malgré d’impressionnants progrès, une question, pourtant, subsiste : celle des travaux légers non dangereux, activité socialisante pour les enfants et dont l’interdiction se heurte à l’incompréhension de la population ivoirienne. En effet, les populations rurales en particulier, souvent pauvres, ne comprennent pas toujours que l’on qualifie de travail illégal l’aide ponctuelle que leur apportent leurs enfants en dehors des heures d’école et sans porter atteinte à leur éducation ou à leur santé. Cette aide se révèle souvent essentielle pour ces familles. Or la réglementation de l’OIT établit l’âge légal de travail des mineurs à 16 ans et interdit l’emploi de mineurs âgés de moins de 18 ans pour les travaux dangereux. La délégation de Côte d’Ivoire a fait valoir que le travail léger et socialisant ne portait pas atteinte à l’assiduité scolaire, à la santé et au repos hebdomadaire des enfants et ne devait pas être comptabilisé dans les enquêtes comme du travail des enfants à abolir.
Dominique Nouvian, engagée de longue date
En fin de compte, l’organisation internationale et les représentants ivoiriens sont tombés d’accord sur la nécessité d’un meilleur encadrement du travail léger des enfants âgés de 13 à 15 ans et sur l’établissement d’une liste de travaux dangereux à proscrire pour les moins de 18 ans. La définition des travaux dits « légers » devra être établie par l’autorité compétente qui prescrira la durée et les conditions d’emploi et de travail. Cette modification devra être introduite dans la législation ivoirienne pour permettre aux jeunes de cette tranche d’âge d’échapper à la qualification de travail illégal. En parallèle, l’Institut national de la statistique (INS) devra revoir ses catégories pour récolter des données statistiques fiables sur le travail des enfants.
Guy Ryder a salué l’engagement de la Première Dame et s’est dit « très content de cette réunion ». « Nous devons redoubler nos efforts communs pour éliminer le travail des enfants en Côte d’Ivoire d’ici à 2025, dans le cadre de la cible 8.7 des objectifs de développement durable, et créer une alliance mondiale », a-t-il toutefois rappelé. Pour rappel, Dominique Nouvian, à la tête de la fondation Children of Africa, mène depuis presque vingt ans de nombreuses actions d’aide à l’enfance. Elle apporte une aide permanente, en Côte d’Ivoire ainsi que dans d’autres pays d’Afrique (Bénin, Gabon, Mali), en subventionnant des centres spécialisés pour accueillir les enfants en détresse. Également mobilisée sur la question du handicap, frein majeur à la scolarisation des enfants en Afrique, la fondation vient de faire un don de 7 155 000 francs CFA aux Groupement pour l’Insertion des Étudiants Handicapés de Côte d’Ivoire (GIEHCI) afin de permettre la prise en charge scolaire d’une centaine d’étudiants handicapés.
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