27ème sommet de l’UA : un nouveau mode de financement adopté

27ème sommet de l’UA : un nouveau mode de financement adopté

Un an après le début des réflexions, l’Union africaine vient d’entériner son nouveau mode de financement. Basé sur le prélèvement d’une taxe sur les importations, il met un terme aux financements extérieurs et permet à l’organisation d’assurer son indépendance. Une décision de taille qui marquera le mandat du nouveau Président de l’organisation Idriss Déby Itno.

La fin des financements extérieurs

Les chefs d’Etat et de gouvernements des 54 Etats membres de l’Union africaine (UA) se sont retrouvés pour le 27ème sommet de l’organisation à Kigali, le 17 et 18 juillet derniers. L’ordre du jour est bien sûr marqué par les dossiers urgents dont les questions de sécurité sur le continent, les crises politiques au Burundi et au Sud Soudan, la poursuite des travaux sur un éventuel retrait de la Cour pénale internationale ou encore la succession de la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma au poste de président de la Commission de l’UA. Mais ce sommet aura aussi marqué la fin d’une réflexion entamée il y a plus d’un an sur une refonte des modes de financement de l’organisation.

A l’origine financée aux trois quarts par des financements extérieurs (Union européenne, Banque mondiale et Chine), l’organisation assurera dorénavant son propre financement par le biais d’une taxe de 0,2 % sur les importations des produits de première nécessité. A l’été 2015, l’UA avait mandaté l’ancien président de la Banque africaine de développement (BAD), le Rwandais Donald Kaberuka, économiste de formation, pour plancher sur un nouveau mode de financement, issues de sources internes et non plus relevant de contributeurs extérieurs. « Cela permettra de générer environ 1,2 milliards de dollars américains », a-t-il souligné. Pour 2016-2017, le budget de l’Union s’élève à plus de 700 millions de dollars. La taxe doit à présent être introduite dans la loi de finance pour 2017. 75 % des fonds récoltés seront dédiés au financement des programmes de l’UE et 25 % au fonds Paix et Sécurité.

Un tournant « historique ! »

« Nous prenons des décisions audacieuses pour l’avenir de notre continent. En attendant l’opérationnalisation de ce nouveau mécanisme de financement de l’UA, il faut mettre fin à notre dépendance frustrante et comprometteuse de notre budget », s’est exprimé Idriss Déby Itno. Le Président tchadien assure depuis janvier dernier la présidence de l’Union. Cette décision – en tout début de mandat – de mettre fin à la dépendance envers les contributeurs extérieurs va donner une nouvelle impulsion à l’organisation.

Selon lui, l’UA « nourrit de grandes ambitions pour réaliser son intégration économique en prenant en charge par elle-même la gestion des crises et conflits déstabilisant le continent ». Conscient des difficultés que traversent plusieurs pays du continent, notamment en raison de la crise du pétrole, le Président a toutefois « instamment » appelé les Etats membres à « s’acquitter de leurs contributions statutaires même si les pays font face à une situation économique et financière difficile en raison de la conjoncture mondiale ». Le bouclage du budget représente en effet « le premier test de notre capacité à s’affranchir de la tutelle extérieure ».

« Les membres ont accueillis la proposition à la quasi-unanimité », confie Donald Kaberuka, au journal Jeune Afrique, à la sortie de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement qui s’était tenue à huis clos. Cette décision représente un tournant majeur pour l’organisation, une mesure de bonne augure pour ce début de mandat. « Historique ! » conclut Donald Kaberuka.

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