La Côte d’Ivoire, « porte d’entrée vers l’Afrique de l’Ouest » selon son président Alassane Ouattara

La Côte d’Ivoire, « porte d’entrée vers l’Afrique de l’Ouest » selon son président Alassane Ouattara

 

Barack Obama a décidé de lever les sanctions économiques prises par son prédécesseur à l’encontre de certaines personnalités politiques ivoiriennes il y a dix ans. Le président américain reconnait « des progrès importants en vue de renforcer les institutions politiques et économiques » du pays, et applaudit le bilan de l’actuel chef de l’Etat, Alassane Ouattara, qui a su relancer l’économie et l’appareil démocratique du pays.

L’heure est aux louanges. Se félicitant du « progrès extraordinaire » accompli par la Côte d’Ivoire depuis la fin de la guerre civile en 2011, le président américain, Barack Obama, a officiellement décrété la fin des sanctions économiques qu’appliquaient les Etats-Unis depuis 2006 à l’encontre de la Côte d’Ivoire. Ces mesures avaient été prises par son prédécesseur à la Maison Blanche, Georges W. Bush, lorsque la Côte d’Ivoire était en proie à des violences ethniques. Plusieurs dirigeants ivoiriens de l’époque, dont l’ex-président destitué et aujourd’hui jugé devant la Cour Pénale Internationale (CPI), Laurent Gbagbo, avaient été soupçonnés d’attiser les tensions intercommunautaires alors que le pays venait à peine de sortir d’une guerre civile trois ans plus tôt. Des tensions qui avaient fini par mener à une crise politique et une guerre civile meurtrière.

« Le président a évalué que la Côte d’Ivoire a accompli des avancées en matière de restauration de la paix et de la démocratie et que le développement ses institutions politiques, administratives et économiques représente une amélioration significative depuis que le président Bush l’a déclarée en état d’urgence en 2006 », précise le communiqué diffusé par le département d‘État. Ned Price, porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche, a quant à lui applaudi un travail de réconciliation et renforcement de la sécurité et de la paix sociale engagées par le gouvernement ivoirien, allant de la professionnalisation des agents à la réintégration des anciens miliciens. Les services de John Kerry, le secrétaire d’Etat, ont également salué la tenue de la dernière présidentielle remportée par Alassane Ouattara. Un scrutin « pacifique, transparent, crédible et inclusif ».

Modèle de reconstruction

La fin de ce blocus intervient quelques mois après que les Nations unies (ONU) ont décidé de lever l’embargo sur les armes imposé au pays en 2004, alors qu’il était confronté à une rébellion qui avait coupé le pays en deux. Ces décisions permettent de tourner définitivement la page des événements tragiques qui avaient ensanglanté la Côte d’Ivoire au tournant de la décennie, quand le président sortant de l’époque, Laurent Gbagbo, avait refusé de reconnaitre sa défaite électorale et conservé son siège malgré les pressions internationales. Une inflexibilité qui aura donc mené à six mois de conflits, 3 200 morts et des milliers de déplacés. La guerre civile avait finalement pris fin en avril 2011 quand les forces soutenant le vainqueur des élections, Alassane Ouattara, avaient – avec l’appui de la France et de l’ONU arrêté Laurent Gbagbo.

Cinq ans après ces incidents, la Côte d’Ivoire est saluée comme un modèle de reconstruction. En plus d’avoir enterré la hache de guerre avec la plupart des factions d’un pays profondément divisé, M. Ouattara a également su relancer une économie malade – et pourtant prometteuse après la décolonisation. L’économie ivoirienne avait commencé à perdre de son dynamisme dans les années 2000, avec une croissance moyenne de 2 %, soit trois points en-dessous de la moyenne enregistrée en Afrique subsaharienne. De plus, entre 1995 et 2008, la gravité et la profondeur de la pauvreté s’accentuent considérablement, avec une augmentation du taux de pauvreté de 10 à 49 %. A cela, il faut ajouter les pertes d’exploitation engendrées par la crise postélectorale – estimées à 650 milliards de FCFA (1 milliard d’euros).

« Le hub de la sous-région »

Avec une corruption endémique et des infrastructures désuètes, la tâche qui attendait le nouveau président n’était pas aisée. Et pourtant, l’élan économique du pays est bien là. La croissance du PIB ivoirien a atteint 8,4 % en 2015 et devrait passer à 8,5 % en 2016. Entre 2013 et 2014, le salaire minimum est passé de 36 000 à 60 000 F CFA. Entre 2012 et 2016, la Côte d’Ivoire a ainsi fait un bond de 25 places au classement Doing Business de la Banque mondiale (et termine devant le Nigeria, première économie africaine). Un dynamisme qui se traduit par d’importants progrès des investissements directs étrangers, qui ont augmenté de 27 % pour atteindre 204,5 milliards de F CFA cette année. Si bien que les économistes s’accordent pour dire que la Côte d’Ivoire joue à nouveau le rôle de locomotive économique dans sa sous-région, l’Afrique de l’Ouest. Par ailleurs, une loi instaurant une couverture maladie universelle a été votée en mars 2014 – un cas assez rare sur le continent pour être souligné.

Et pourtant, l’accueil de M. Ouattara avait été tiède dans de nombreux pays en Afrique, d’aucuns le considérant comme le candidat de la « Françafrique » défendant les intérêts économiques de l’Hexagone. Le nouveau dirigeant avait démenti et exposé sa nouvelle politique économique d’ouverture dès son élection, tout en confirmant sa résolution de diversifier l’économie du pays lors du forum « Investir en Côte d’Ivoire » (ICI 2014). « Nous voulons être le hub de la sous-région, la porte d’entrée vers l’Afrique de l’Ouest, un marché de plus de 300 millions d’habitants » avait-il alors affirmé. C’est d’ailleurs durant son mandat que la France a perdu sa place de premier investisseur étranger dans le pays, au profit du Maroc ; en 2015, 22 % des entreprises agréées par le Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire (Cepici) étaient marocaines, contre 16 % de françaises. De quoi faire taire les critiques cherchant à ressusciter la période, pas si lointaine, où la France était effectivement aux manettes à Abidjan. Et montrer, plus globalement, que la Côte d’Ivoire est indéniablement sur une pente ascendante.

Crédits photo : Forum « Investir en Côte d’Ivoire »

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