Afrique : la Chine intensifie sa présence à Djibouti

Afrique : la Chine intensifie sa présence à Djibouti

Le 15 novembre, la Chine et Djibouti ont fait part d’une volonté de renforcer leur coopération. Une entente qui a largement gagné du terrain ces dernières années pour toucher désormais de nombreux domaines.

Premier partenaire commercial de l’Afrique

Mardi 15 novembre, le vice-président chinois Li Yuanchao était en visite à Djibouti pour rencontrer le Premier ministre djiboutien, Abdoulkader Kamil Mohamed. L’occasion pour les deux hommes de faire le point sur les relations bilatérales qui unissent les deux pays depuis déjà près de 40 ans. La Chine et Djibouti ont ainsi confirmé leur volonté de continuer à développer des moyens qui permettront de consolider leur coopération aussi bien dans la construction d’infrastructures, la formation de la population djiboutienne ou encore l’énergie.

Ces nouvelles déclarations font écho aux derniers accords commerciaux signés entre les deux pays début 2016. Trois partenariats qui encadrent la création d’une immense zone franche à Djibouti mais aussi la délocalisation dans ce pays de l’activité de redistribution du commerce mondial avec la Chine et enfin, la mise en place d’une chambre de compensation aux profits d’opérateurs économiques locaux.

Cela fait maintenant une dizaine d’années que la Chine investit massivement en Afrique, aidant de nombreux pays à émerger tout en s’assurant une position privilégiée pour profiter des ressources naturelles présentes en abondance dans le sol africain. En 2009, la Chine est même devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique. Pour Pékin, la localisation géographique de Djibouti en fait une destination parfaite pour faciliter les échanges entre l’Empire du Milieu et le reste de du continent africain.

Des déséquilibres apparaissent

En février 2016, la Chine a annoncé qu’elle avait choisi Djibouti pour installer sa première base militaire à l’étranger, située seulement à quelques kilomètres des campements américains et français. Les Américains ont même été contraints de céder leur base secondaire d’Obock pour faire de la place et laisser les forces militaires chinoises s’installer dans un camp qui devrait normalement accueillir 10 000 soldats. Les Etats-Unis accueillent avec crainte cette montée de l’armée chinoise à Djbouti, le gouvernement américain ayant fait de ce pays l’un des épicentres de son activité militaire à l’étranger depuis déjà de nombreuses années, notamment en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme.

Peu importe cette méfiance, le président Guelleh continue de voir dans cette entente sino-djiboutienne un levier de croissance pour son pays. Jamais aucun pays n’a investi autant dans Djibouti.  Seulement, les effets de la présence chinoise sur l’économie nationale sont limités, notamment en termes de création d’emplois.

Pour mener leurs chantiers, les sociétés chinoises ont pour habitude de faire venir de la main-d’œuvre directement de Chine. Actuellement, les projets qui résultent de la coopération sino-djiboutienne ne garantissent aucune perspective d’embauche pour la population locale. De quoi frustrer les Djiboutiens, dont 42 % vivent encore dans une extrême pauvreté.

La Chine a également consenti à attribuer de nombreux prêts à Djibouti, des prêts que le pays n’est pas en mesure de rembourser et qui l’oblige à accepter toutes sortes de contreparties imposées par Pékin. Pour compenser l’incapacité de remboursements de Djibouti, la Chine a en effet demandé à doubler ses capacités militaires dans le pays et souhaite maintenant envoyer 20 000 soldats rejoindre sa nouvelle base.

La présence militaire chinoise vient aussi contrer certaines décisions politiques prises par le président Guelleh, notamment son refus d’autoriser la Russie à créer une base militaire dans le pays. De son côté, le gouvernement chinois a offert la possibilité au Kremlin d’utiliser une partie de sa base d’Obock pour y placer des porte-avions et installer des forces armées sur le territoire djiboutien. Autant de déséquilibres qui rendent l’entente sino-djiboutienne plus complexe qu’elle n’y paraît.

Quoi qu’il en soit, la relation entre les deux pays continue d’être exploitée à tous les niveaux. Le 15 novembre, de nouvelles conventions ont été signées qui prévoient tour à tour la création de la Banque Internationale de la Route de la Soie, dont le siège se situera à Djibouti ou encore du Centre Financier de l’Afrique de l’Est, également implanté à Djibouti.

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