Privilégiant le dialogue à l’affrontement, le gouvernement d’Alassane Ouattara est parvenu à mettre un terme aux mutineries qui touchaient la Côte d’Ivoire ces derniers jours. En effet, mardi 16 mai, après quatre jours de conflit, un accord a été signé entre les mutins et l’Etat ivoirien.
« On a trouvé un terrain d’entente. On va retourner en caserne. C’est terminé ». Par cette déclaration, le sergent Cissé Fousseni, porte-parole des soldats de Bouaké, mettait fin aux mutineries ayant éclaté vendredi 12 mai en Côte d’Ivoire. Prononcées mardi dernier, ces déclarations accompagnaient celles du ministre de la Défense, Alain Richard Donwahi, qui affirmait pour sa part qu’un accord « définitif » avait été trouvé avec les mutins. « L’accord est acquis, les deux parties sont consentantes », assurait alors le ministre lors d’une conférence de presse à Abidjan.
Le versement des primes au cœur des revendications des mutins
Début janvier, une première mutinerie avait secoué le pays. Celle-ci avait débuté à Bouaké, quartier général de l’ancienne rébellion. Les mutins avaient alors réussi à paralyser plusieurs villes du pays pour réclamer le paiement des primes promises en 2011 aux militaires qui avaient soutenu Alassane Ouattara pendant la crise postélectorale.
Après ce premier mouvement, 8 400 soldats ont reçu chacun 5 millions de Fcfa (environ 7 600 euros). Ils devaient recevoir 7 millions supplémentaires à partir de ce mois de mai, mais le versement se faisait manifestement attendre entraînant alors une vague de doutes chez les soldats concernés.
C’est à ce moment la qu’une délégation de soldats qui avaient été désignés comme les représentants du contingent des 8 400 soldats a rencontré, a leur demande, des guides religieux, la hiérarchie militaire et le ministre de la Défense pour les informer de leur décision de renoncer à leurs revendications financières, compte tenu de la situation économique du pays, marquée par une chute brutale des cours du cacao.
Ces derniers ont également, toujours à leur demande, rencontré le chef de l’Etat afin de présenter leurs excuses à la nation et l’informer de leur décision : « Nous, soldats des armées, renonçons définitivement à toute revendication d’ordre financier, nous prenons l’engagement solennel de se ranger et de se mettre aux ordres de la république », déclarait jeudi 11 mai le sergent Fofana, porte-parole de la délégation. Le président Alassane Ouattara a alors pris acte de cette décision qu’il a jugée « pleine de sagesse ».
Mais il s’est avéré que cette « sage » décision n’était pas partagée par l’ensemble des soldats du contingent. Des divergences ont alors éclaté et donné lieu à des troubles dans plusieurs localités du pays. Certains soldats sont allés jusqu’à utiliser leurs armes à feu et des actes de pillage et de racket ont été constatés.
Le gouvernement refuse de recourir à la violence
Face à ces troubles, une opération militaire avait été envisagée pour libérer les corridors à Bouaké et protéger les populations. Une solution qui n’a pas été retenue par le chef de l’Etat qui a préféré ne pas recourir à la force.
Un choix qui a été salué par la Commission de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui déplorait dans un communiqué daté du 15 mai « l’utilisation de la violence comme mode de revendication ». L’organisme a également lancé un appel aux soldats mécontents « pour qu’ils recourent exclusivement aux voies pacifiques qui leur sont ouvertes par les plus hautes autorités de leur pays pour obtenir la satisfaction de leurs réclamations ».
Après quatre jours de conflit, le gouvernement et les mutins ont trouvé un accord, mardi 16 mai, quant au versement du restant de leur prime. Et pour éviter que ce type de situation ne se reproduise, le gouvernement ivoirien a également décidé d’accélérer la mise en œuvre de la loi de Programmation militaire qui a pour but « d’apporter des solutions concrètes fortes et durables aux difficultés constatées au sein de l’armée ».
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