Parmi les 10 pays émettant le plus de gaz à effet de serre dans le monde, le Brésil est à un stade crucial de son développement. La cinquième puissance mondiale peut compter sur le savoir-faire des entreprises françaises pour l’accompagner dans sa transition énergétique.
Brésil : une situation énergétique complexe
Entre ses immenses forêts, ses longs fleuves et ses impressionnantes réserves naturelles, le Brésil est très gâté par la nature. Si l’on connaissait depuis longtemps les richesses de son « or vert » et de son « or bleu », la découverte en 2006 du gigantesque gisement de pétrole de Tupi, à 5 000 m de profondeur au large de Rio de Janeiro, a changé un peu la donne dans ce pays au mix énergétique déjà très complexe. Si l’or noir est aujourd’hui la première énergie produite au Brésil (40 %), il reste toutefois sous-développé par rapport au bioéthanol (19 %) issu de la canne à sucre, qui alimente 90 % des véhicules vendus dans le pays. Une initiative qui remonte au premier choc pétrolier de 1973 et qui visait à remplacer l’essence par des carburants d’origine végétale.
Premier exportateur mondial d’agro-carburants, le Brésil est le huitième consommateur d’énergie dans le monde et l’un des 10 plus grands émetteurs de gaz à effet de serre (GES) sans compter la déforestation. Cette pratique, bien qu’en recul ces dernières années, reste très répandue afin de construire des barrages hydroélectriques comme celui de Belo Monte. La forêt est aussi remplacée par des exploitations agricoles et des pâturages, eux-mêmes déplacés pour laisser place à la canne à sucre. Les conséquences de la déforestation sont catastrophiques pour la biodiversité, les populations locales et la libération de carbone dans l’atmosphère. D’ici 2025, le Brésil prévoit de réduire de 37 % ses émissions en GES par rapport à 2005 et de baisser celles de C02 de 43 % en 2030.
La France en soutien pour développer les énergies renouvelables et nucléaires
Pour y parvenir, l’État brésilien entend porter à 45 % la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique. Il faut dire que le pays en a largement les moyens avec son immense potentiel hydraulique, éolien et solaire, qui doivent permettre d’augmenter la puissance d’un réseau électrique encore sous-dimensionné. Dans ce domaine, le pays de 200 millions d’habitants compte sur le savoir-faire français. À Jirau, dans le nord-ouest du Brésil, Engie a inauguré en décembre 2016 une des 20 centrales hydroélectriques les plus puissantes au monde avec 3 750 MW. Quelques mois plus tôt, le producteur indépendant français Voltalia, qui comptait déjà une dizaine de parcs éoliens au Brésil, a ouvert une ferme éolienne géante de 90 MW à Serra do Mel, dans le nord-est. Quant au groupe EDF, il vient d’acquérir, le 19 juin 2017, 80 % d’un projet de centrale photovoltaïque de 115 MW dans le sud-est. Cela vient s’ajouter à ses 306 MW de chantiers solaires en cours. En matière d’EnR, les entreprises françaises sont présentes sur l’ensemble du territoire brésilien, qui ne demande qu’à exploiter son potentiel en harmonie avec la nature.
Et le nucléaire dans tout ça ? Détenteur de 5 % des réserves mondiales d’uranium, le gouvernement brésilien n’a pas encore de programme clairement défini en la matière, même si la construction de quatre nouveaux réacteurs de 1 000 à 1 400 MW d’ici 2030 est envisagée. De quoi doubler la capacité de production du parc nucléaire brésilien, plafonné à 3 % de son mix électrique. Pour compléter les deux réacteurs du complexe d’Angra, qui datent des années 70, la construction d’un troisième EPR a été lancée en 1984, avant d’être stoppée deux ans plus tard faute de financement. En 2015, après plusieurs tergiversations, Areva a finalement mis fin au contrat qui le liait à la centrale pour la construction de la troisième unité, qui prévoyait une puissance supplémentaire de 1 405 MW d’ici 2018. La relance de nouveaux projets nucléaires est aujourd’hui en suspens dans ce pays où beaucoup reste pourtant à faire en matière d’énergie. « En confirmant l’élargissement prévu de son programme électronucléaire, le Brésil démontre qu’il veut s’assurer d’avoir un portefeuille énergétique équilibré, » expliquait Mark Marano, président du groupe Westinghouse pour la région Amériques, en 2015. « La construction de nouveaux réacteurs augmentera la capacité de production de base et enrichira le panier d’énergies du pays, prenant appui sur les réacteurs actuellement en exploitation. »
Pablo Rosado
Laisser un commentaire