Le Chili mise tout sur le développement des énergies renouvelables

Le Chili mise tout sur le développement des énergies renouvelables

Après avoir exploité ses mines de charbon, le Chili se tourne désormais vers les énergies renouvelables pour son mix énergétique, en axant notamment sur le solaire et l’éolien qui attirent de nombreux investisseurs étrangers.

L’Amérique du Sud serait-elle un nouvel eldorado énergétique ? La plupart des pays sud-américains sont encore en voie de développement, mais en matière d’énergies renouvelables, ils peuvent donner quelques leçons aux autres continents. Ce qui attire, bien évidemment, de nombreux investisseurs étrangers, dont des Français. C’est le cas au Brésil, le pays qui a réussi le mieux son mix énergétique (82,7% en 2012, rien que ça), mais c’est aussi celui du Chili, un territoire qui s’étire le long de la Bolivie, l’Argentine et le Pérou. Un pays dont 90% de sa consommation d’énergie sera effectuée par le biais d’énergies renouvelables d’ici 25 ans. Un chiffre qui semble pleinement réalisable.

Le solaire et l’éolien en ligne de mire

Mais un chiffre qui était loin d’être acquis. Il a fallu attendre 2014 pour que le gouvernement de la présidente Michelle Bachelet réalise que plus de 50% de l’énergie consommée du pays était issue du charbon. Une énergie non seulement impropre pour l’environnement, mais aussi fort coûteuse, car elle est majoritairement importée.

D’autre part, l’électricité chilienne est la plus chère de tout le continent d’Amérique du Sud. Le gouvernement décide alors d’exploiter les énergies renouvelables promises à un grand avenir, surtout avec un pays aussi fortement ensoleillé, notamment grâce au désert de l’Atacama au Nord, région à l’illumination solaire la plus importante au monde.

Objectif : fermeture des centrales de charbon d’ici à 2050 et baisse de l’utilisation des énergies fossiles (le pétrole représente à ce jour encore, 41% des besoins énergétique du Chili).

Pour ce faire, la politique choisie a été de favoriser des investissements privés dans le secteur des énergies renouvelables, au même titre que la production d’électricité, à travers la National Energy Policy 2050, adoptée fin 2015. Deux ans et demi plus tard, la production d’énergies renouvelables a plus que doublé, avec un objectif de cette production porté à 60% au niveau national d’ici 2035.

Au risque d’atteindre un pic de surproduction, tant les centrales solaires du pays ont été exploitées, sans que l’électricité produite ne puisse être stockée faute d’infrastructures. Ce qui a représenté un manque à gagner, car cette dernière a dû être donnée ou vendue à bas prix. Un problème provisoire, puisqu’en novembre 2017, a été lancé un vaste programme de réseau d’électricité entre le Nord et le centre du Chili et pour éviter une déperdition d’énergie, des centaines de microcentrales solaires ont été installées dans différentes collectivités (écoles, hôpitaux) et même sur le toit du palais présidentiel.

L’énergie solaire n’est pas la seule exploitée. De par la diversité de ses paysages, le Chili permet également de s’intéresser au potentiel de l’hydroélectricité, la géothermie, des énergies marines, mais aussi et surtout de l’éolien. Car si le Nord est propice au solaire, il est aussi (ainsi que le Sud du pays), source de vents favorables en termes d’énergie, attirant de nombreux investisseurs.

Des investissements français au service des énergies renouvelables

C’est le cas de GE Renewable Energy, groupe industriel numérique mondial reconnu pour sa gamme d’énergies renouvelables, exploitées grâce à des machines contrôlées par logiciels ou des solutions connectées. Le groupe a ainsi conclu un accord avec le gouvernement chilien pour lancer un projet d’envergure d’énergie éolienne, à El Maiten et El Nogal, en fournissant six turbines de 3,6 MW, des rotors de 137 mètres et une tour de 110 mètres.

EDF n’est pas en reste avec le parc éolien de 115 MW situé à Cabo Léones, mais le géant français s’intéresse davantage au solaire, via sa filiale EDF Energies Nouvelles, qui a lancé en janvier dernier la production d’une centrale photovoltaïque baptisée Santiago Solar (co-détenue avec Andes Mining Energy ou AME) et à 50 km au Nord de Santiago du Chili. Elle va permettre à 90 000 foyers de consommer une électricité propre et peu onéreuse. Avec la centrale photovoltaïque de Bolero dans le désert d’Atacama, EDF EN va pouvoir exploiter quelque 360 MW d’énergies renouvelables au Chili.

EDF et AME se sont également entendus le 10 mai dernier pour développer ensemble jusqu’à 750 MW de capacités de production flexibles, avec un projet de centrale au gaz et d’une unité de stockage et de regazéification de gaz naturel liquéfié, avec trois turbines à combustion de pointe, situées à Los Vientos, Santa Lidia et Renca.

EDF va également gérer les éclairages publics de la ville de Maipu, dans la province de Santiago, via sa filiale Citelum, remplaçant ainsi les 60 000 points lumineux par des LED, permettant à la ville de faire des économies d’énergie de l’ordre de 40%.

Le groupe ENGIE s’intéresse aussi de près aux capacités solaires du pays. Sa filiale Solairedirect assure ainsi le développement de la centrale solaire Los Loros au coût d’investissement de 100 millions d’euros pour 178 000 panneaux solaires. Elle aussi est située dans le Nord du pays, dans la province de Copiago et aura une capacité à terme de 120 GWh par an (soit l’équivalent de la consommation de 63 000 foyers). Le Chili n’a, semble-t-il, pas fini de faire appel à des investisseurs étrangers, tant ses capacités énergétiques naturelles semblent sans limites.

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