Le Royaume-Uni a choisi d’entamer cette semaine les négociations avec les États-Unis, avant la mise en œuvre du Brexit et la conclusion d’un accord commercial avec l’Union européenne. Le premier ministre britannique Boris Johnson et la ministre chargée du Commerce international Liz Truss (photo) se sont donné les moyens d’avancer vite sur un dossier de premier plan cher aux Brexiters du parti conservateur.
« Les États-Unis sont notre principal partenaire commercial, et un accroissement du commerce transatlantique peut aider les deux économies à dépasser le défi économique qu’impose le coronavirus » a déclaré Liz Truss, alors que débutait par visioconférence un premier cycle de négociation d’une durée de deux semaines environ. 20 % des exportations britanniques prennent la direction des États-Unis, tandis que ces derniers souhaitent rééquilibrer leurs échanges au détriment de la Chine. Du côté américain se manifeste le souhait de parvenir à un accord de principe avant l’élection présidentielle de novembre ; du coté britannique il s’agit d’aller vite afin que le résultat puisse peser favorablement sur les négociations menées en parallèle avec l’Union européenne.
Toutefois des points de désaccord certains pourraient entraver la marche rapide des pourparlers. Si l’accord vise d’abord une baisse des tarifs douaniers sur les biens manufacturés -déjà inexistants ou bas pour beaucoup d’exportations -, les deux parties avancent avec prudence des propositions qui inquiètent mutuellement. Les Américains montrent par exemple des réticences à ouvrir leur marché à l’industrie digitale britannique, et dans le domaine des services financiers l’ambition de rapprochement entre la City et Wall Street se situe encore loin de toute réalité pratique. Au Royaume-Uni, l’opposition travailliste s’inquiète d’une dérégulation du secteur agro-alimentaire, symbolisé par le bœuf aux hormones américain. Pas question non plus pour Londres d’ouvrir le secteur de la santé aux entreprises d’outre-Atlantique.
Au-delà des points de convergence ou de divergence, des experts soulignent la portée très limitée d’un tel accord sur le PIB britannique, loin de pouvoir compenser les pertes potentiellement attribuées au Brexit. Sur le principe par contre, les deux parties affichent la satisfaction d’« embarrasser » l’Union européenne.
G.M.
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