Selon les chiffres les plus récents de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), le tourisme international pourrait reculer de 60 à 80 % sur l’ensemble de l’année 2020. La chute serait de 58 % en cas d’assouplissement des restrictions de voyage et de réouverture des frontières internationales en juillet ; elle deviendrait vertigineuse avec – 78 % en cas de reprise en décembre seulement.
Au-delà des prévisions par nature incertaines, l’OMT note au mois de mars une diminution de 57 % des arrivées à travers le monde, soit une baisse de 67 millions de voyageurs et un manque à gagner estimé à 80 milliards de dollars. L’institution souligne les lourdes conséquences sociales d’une « crise inouïe » qui met en danger 100 à 120 millions d’emplois directs dans un secteur à la forte densité de main d’œuvre. En comparaison, la crise de 2009 avait vu un repli de seulement 4,2 des arrivées internationales ce qui, malgré la modestie du chiffre, avait entraîné « la pire année depuis soixante ans ».
Dans le monde, le secteur touristique est composé à 80 % de petites et moyennes entreprises. Alors que le tourisme est un moteur clef du développement de nombreux pays, « ce sont les moyens d’existence de millions de personnes et de leurs familles qui sont en jeu, que ce soit dans les centres urbains ou dans les régions reculées où le tourisme est, parfois, la principale activité rémunératrice et un vecteur d’inclusion sociale, de protection du patrimoine et d’amorçage du développement » a déclaré M. Pololikashvili, secrétaire général de l’OMT.
L’Organisation mondiale du tourisme souligne également que l’impact se fera sentir à « des degrés divers dans les différentes région du monde et à des moments qui se chevauchent, l’Asie et le Pacifique devant être les premiers à rebondir ». La reprise devrait s’amorcer par le biais de la demande intérieure fin 2020, mais surtout au cours de l’année suivante. Le tourisme de loisirs reprendra probablement plus vigoureusement -ou moins timidement – que le tourisme d’affaires.
Au sein de l’Union européenne le tourisme compte pour 10 % du PIB et totalise 27 millions d’emplois. Les 27 pays membres négocient actuellement un fonds de relance d’entre 1000 à 2000 milliards d’euros. Dans la foulée de ces aides massives, se posera une énième fois la question de la viabilité comme de la pertinence du tourisme de masse. Des côtes méditerranéennes aux côtes caribéennes, ils n’est plus certain que des centaines de milliers de touristes continuent d’apprécier une effarante promiscuité.
G.M.
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