Au moins 110 projets de vaccin contre le Covid-19 sont en cours d’après les chiffres de l’OMS fournis à la mi-mai, contre 76 fin avril. Autour de 140 laboratoires à travers le monde se sont lancés dans une course qui doit allier de façon exceptionnelle rapidité et endurance. De nouvelles alliances entre laboratoires et centres de recherche se créent, des premières annonces optimistes éclosent de la Chine aux États-Unis, tandis que les nations comme l’industrie pharmaceutique prennent position sur le terrain de la communication.
Des start-up des biotechnologies aux géants de l’industrie pharmaceutique, la recherche vaccinale est en ébullition suite à une mobilisation sans précédent. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) se félicite d’ailleurs de la multiplicité des pistes empruntées par les chercheurs, qui accroissent les chances de mise au point d’un vaccin. Une dizaine de projets sont actuellement en phase d’essai, mais comme l’a rappelé sur Europe Dominique Costagliola, épidémiologiste et directrice de recherche à l’Inserm, « on sait très bien quand on recherche un vaccin que ce n’est pas parce qu’on fait des essais de phase 1 que ça donnera forcément lieu à un vaccin à la fin. D’une façon générale, quelle que soit la maladie, entre les essais de phase 1 et la découverte d’un vaccin, il y a énormément de haies à franchir ».
Une course menée par les États-Unis et la Chine ?
La dernière nouvelle sur les recherches en cours vient des États-Unis, avec l’arrivée de Merck dans le bal des annonces. Le géant américain (MSD, Merck Sharp & Dohme) a annoncé le 26 mai trois initiatives pour lutter contre le Covid-19. Merck est également passé à l’offensive sur le marché en acquérant le concepteur autrichien de vaccins Themis Bioscience, et en dévoilant des partenariats internationaux. L’Institut Pasteur qui travaillait entre autres avec la firme autrichienne devient de ce fait un partenaire de MSD.
Parmi les laboratoires qui ont initié des tests sur les humains, l’Américain Novavax espère pouvoir annoncer en juillet que ses premiers tests sont concluante. Une expérimentation qui a actuellement lieu en Australie. La compagnie affirme être en mesure de produire plusieurs dizaines de millions de doses d’un éventuel vaccin avant la fin de l’année.
Pfizer, le plus grand groupe pharmaceutique au monde, s’est quant à lui allié à la société allemande BioNTech, et mise sur la production cette année de 10 à 20 millions de doses d’un vaccin expérimental. BioNTech avait auparavant signé un contrat pour faire des tests en Chine et ensuite y distribuer son éventuel vaccin.
Du côté de la Chine, quatre laboratoires sont autorisés à mener des essais cliniques. L’un d’entre eux est Sinovac Biotech, qui fut le premier laboratoire au monde à avoir mis sur le marché un vaccin contre la grippe H1N1. Il s’est dit prêt à produire 100 millions de doses de vaccin par an, même si son traitement est encore loin d’être homologué. Une autre entreprise, CanSino Biologics, a annoncé la semaine dernière que son vaccin avait généré une immunité lors d’un premier essai clinique sur l’homme, en dépit d’un certain nombre d’effets secondaires.
Ailleurs dans le monde, des essais prometteurs
En France l’Institut Pasteur démarrera en juillet des essais cliniques pour un de ses projets de vaccin, et espère être en mesure de publier des premiers résultats en octobre. Pas passé inaperçu dans sa stratégie de communication, Sanofi collabore depuis février avec l’Autorité pour la recherche et développement avancée dans le domaine biomédical (BARDA), qui dépend du ministère américain de la Santé. Le groupe français s’est également associé au britannique GSK, ainsi qu’à une biotech américaine, et espère obtenir des résultats d’ici à 2021.
En Grande Bretagne les essais cliniques de l’université d’Oxford progressent et sont sur le point d’entrer dans une nouvelle phase. L’université a récemment annoncé un partenariat avec le groupe pharmaceutique britannique AstraZeneca et souhaite recruter une dizaine de milliers de personnes pour la deuxième phase d’essais. AstraZeneca a de son côté annoncé avoir obtenu une contribution d’un milliard de dollars de la BARDA, dans le cadre d’un partenariat public-privé impulsé par l’administration américaine. Dans un communiqué, l’entreprise annonce collaborer avec plusieurs pays et organisations multilatérales pour rendre « le vaccin d’Oxford » disponible à travers le monde d’une façon équitable.
D’autres pays se sont bien-sûr lancés dans cette course haletante. Ainsi au Canada, et plus précisément au Québec, les entreprises IMV et Medicago espèrent commencer à tester leur propre vaccin sur les humains dès cet été. La Thaïlande s’est également glissée parmi les prétendants. Des chercheurs vont y recruter 5000 volontaires pour des tests prévus en octobre. Encore une fois les États-Unis sont présents, puisque l’Université de Chulalongkorn collabore avec l’université de Pennsylvanie… tandis que la production de l’éventuel futur vaccin est prévue au Canada. Peut-être de quoi donner du baume au cœur à une mondialisation malmenée par la crise sanitaire et économique !
Gaëtan Mortier
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