Les tensions entre la France et la Turquie se sont intensifiées autour de la question libyenne et de provocations turques qui ont incité Emmanuel Macron à réagir vivement à diverses reprises.
Fortement impliquée sur le terrain militaire en Libye, en soutien du gouvernement d’union nationale (GNA) contre les forces du maréchal Haftar, la Turquie accumule les violations de l’embargo sur les armes décidé par les parties prenantes au conflit lors de la conférence internationale de Berlin de janvier 2019.
Mais le « jeu dangereux » de la Turquie, selon les mots du président de Macron, n’a semble-t-il pas encore atteint ses limites. Le 10 juin dernier la marine turque menaçait de tirer sur une frégate française qui, dans le cadre d’une mission de l’Otan, souhaitait contrôler un navire suspecté de violer l’embargo. L’incident, rare et sérieux, a abouti à une demande d’enquête de la France auprès de l’Alliance, au sein de laquelle Ankara irrite de plus en plus.
Le 01 juillet l’Otan a annoncé que l’enquête ne confirme pas les accusations de Paris, entraînant dans la foulée le « retrait temporaire » de la France des opérations de surveillance de l’Otan en Méditerranée orientale.
La « responsabilité historique et criminelle » de la Turquie
L’Otan, accusée par Emmanuel Macron de se trouver en « état de mort cérébrale », est jugée par la France trop laxiste envers cet allié encombrant. « Nous sommes à un moment d’indispensable clarification de la politique turque en Libye, qui est pour nous inacceptable » a déclaré lundi le président français, redoutant que la Libye devienne une nouvelle Syrie. Il a jugé que la Turquie, qui « prétend être membre de l’Otan, (ou) en tout cas elle le revendique », a une « responsabilité historique et criminelle » dans un conflit où elle « le premier intervenant extérieur ». Avant d’ajouter : « Tant que nous continuerons, membres de l’Otan, Européens, parties prenantes de ce sujet, à être faibles dans nos propos ou à manquer de clarté, nous laisserons le jeu des puissances non coopératives se faire.»
En réponse la Turquie a jugé « inacceptable le soutien qu’apporte la France au maréchal Haftar », pointant du doigt les contradictions, ou du moins un certain flou de façade de la diplomatie française. Comme l’écrit le spécialiste de la Méditerranée et du Moyen-Orient Jean Marcou (« Du conflit syrien au conflit libyen, le positionnement complexe de la Turquie », Diplomatie mars-avril 2020), « la crise libyenne tend depuis le début à opposer Ankara à Paris. Les Turcs gardent un mauvais souvenir de l’intervention militaire franco-britannique de 2011 et pensent surtout que les Français (…) peuvent devenir des concurrents sérieux lorsque la reconstruction de la Libye et l’exploitation de ses hydrocarbures seront à l’ordre du jour ».
G.M.
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