Un ciel sombre menace les géants du secteur aérien

Un ciel sombre menace les géants du secteur aérien

Les avionneurs sont passés subitement d’une croissance vigoureuse, tirée vers le haut par le marché asiatique notamment, à une crise sans précédent dont ils vont mettre des années à se remettre. La pandémie de Covid-19 a eu pour effet immédiat de clouer les avions au sol, impactant fortement la production d’avions, notamment chez les rivaux historiques Airbus et Boeing.

Pour les compagnies aériennes qui subissent de plein fouet la crise, il n’est plus l’heure de penser à l’achat de nouveaux avions. Les demandes d’annulation de commandes ou de reports de livraison se sont multipliées. Des compagnies pourraient faire faillite malgré les aides financières des États, ce qui impacterait davantage les carnets de commandes. Pire encore, la réduction du trafic aérien et donc de l’offre de vols par les compagnies, va augmenter le volume d’avions d’occasion qui feront concurrence aux avions neufs.

Selon les derniers chiffres, la production des deux grands avionneurs Airbus et Boeing pourrait chuter de 48 % en 2020. En première ligne les aéronefs long-courrier qui, comme le tourisme intercontinental, ne pourraient retrouver leur élan d’avant la crise qu’en 2024.

Airbus et Boeing, une concurrence aérienne échouée au sol

Les conséquences à Airbus sont déjà colossales, puisque 15000 suppressions d’emploi sont prévues à travers le monde, dont un tiers en France. L’entreprise a subi une baisse de 40 % de son activité liée aux avions pour une perte estimée à 55 milliards d’euros, une baisse dont l’ampleur pourrait se maintenir durant au moins deux années. Et ce alors même que juste avant la crise l’avionneur européen envisageait d’augmenter sa production d’A320…

En bout de chaîne les sous-traitants vont souffrir d’une réduction de 40 % de leurs livraisons, malgré la volonté d’Airbus de les épargner le plus possible afin de conserver le savoir-faire et l’efficacité des chaînes de production. Équipementiers et sous-traitants fournissent autour de 50 % de la valeur ajoutée de chaque avion produit.

De l’autre côté de l’Atlantique, Boeing subit une double crise, tel un violent aller-retour. L’impact du Covid-19 s’ajoute à la gifle reçue par le B737 MAX cloué au sol du fait de l’enquête sur les deux crashs de 2019. Le constructeur américain se retrouve désormais avec 400 appareils déjà construits qui auront beaucoup de mal à trouver preneur… Pour tenter de reprendre un peu d’oxygène, Boeing est en train de se désengager d’accords sur certains marchés spécifiques.

D’autres fabricants plus modestes mais néanmoins importants craignent des difficultés et réduisent l’emploi, comme le Canadien Bombardier ou le Français Safran. Bombardier, dont la tendance avant la crise était au désengagement de l’aéronautique, va supprimer 2500 emplois. En France, Safran semble être en mesure de privilégier le chômage partiel de longue durée et a fermé temporairement 45 sites de production dans le monde.

G.M.

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