Regain de tension dans le Caucase Sud entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan

Regain de tension dans le Caucase Sud entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan

Des combats ont récemment eu lieu à la frontière des deux pays, faisant au moins 17 morts, ravivant un conflit datant de la dissolution de l’ex-URSS, sur la base de frontières controversées.

Les deux voisins du Caucase Sud sont en conflit autour d’une territoire, le Haut-Karabagh, qui demeure sous tension après une guerre meurtrière menée en 1994 et des affrontements d’ampleur en 2016. Si les combats n’ont pas eu lieu autour de cette région sécessionniste d’Azerbaïdjan, sur laquelle l’Arménie défend sa souveraineté, ils ravivent des tensions tenaces et replacent en première ligne un problème urgent à résoudre par la voie diplomatique.

Cette semaine, de nouveaux heurts à la frontière ont entraîné la mort d’un soldat arménien, tandis que Bakou dénonçait des tirs sur ses positions. Comme à l’accoutumée les deux pays se rejettent la faute du déclenchement des hostilités et, à défaut de se lancer plus en avant dans une nouvelle escalade militaire, ils usent de menaces. Ainsi le ministère de la Défense de l’Azerbaïdjan s’est dit « prêt à frapper avec un missile » une centrale nucléaire arménienne en cas d’attaque de l’Arménie.

Au-delà des deux rivaux, les géants turc et russe à la manœuvre ?

Un expert interrogé par La Tribune voit dans ce regain de tensions des raisons internes ou externes. La première raison serait liée aux difficultés économiques azerbaïdjanaises suite à la crise du coronavirus et à la chute des prix du pétrole. Instrumentaliser le sentiment national sur cet enjeu historique mobilisateur peut être payant politiquement, quand la vision de court terme domine, un classique.

L’explication externe fait quant à elle entrer sur scène l’influente Turquie voisine, soutien de l’Azerbaïdjan pour des raisons autant culturelles que géostratégiques. Rappelons que les relations entre la Turquie et l’Arménie sont très tendues du fait du génocide arménien perpétré au début du siècle par la Turquie, qui refuse toujours de le reconnaître. Très active militairement sur la plan régional, la Turquie a rendu responsable l’Arménie de la reprise des hostilités et s’est engagée à défendre son allié.

De son côté l’Arménie est alliée à la Russie, elle-même proche de Bakou dans la géostratégie pétrolière… une préoccupation que partage vivement Ankara. Le ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov a demandé la semaine dernière à son homologue turc Mevlut Cavusoglu de faire preuve de retenue. Vladimir Poutine a quant à lui appelé à un cessez-le-feu urgent et assuré la disposition de la Russie à servir de médiateur.

Turquie et Russie, proches et rivales à la fois comme l’illustre l’actualité internationale, se trouvent de nouveau en prise avec un dossier épineux, un « conflit gelé » au potentiel explosif dans le Caucase.

 

G.M.

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