Trump ébranle l’Allemagne en secouant l’Otan

Trump ébranle l’Allemagne en secouant l’Otan

Cela est clairement perçu comme un affront : le président américain a décidé de retirer une partie des troupes US stationnées en Allemagne pour en redistribuer une partie dans d’autres pays de l’Otan. La Belgique sortirait gagnante de ce chamboulement.

Les pressions américaines autour de la contribution allemande à l’effort militaire au sein de l’Otan ont désormais pris une nouvelle tournure : la semaine dernière le secrétaire à la Défense Mark Esper a annoncé le retrait de Stuttgart du commandement des forces américaines en Europe, le seul en dehors de son territoire. Cela implique le départ de 12.000 hommes, parmi lesquels 6.400 seront rapatriés aux États-Unis tandis que 5.600 autres seront repositionnés en Belgique, Italie, Pologne ainsi que parmi les pays baltes.

Ce gigantesque commandement américain, héritage de l’occupation alliée après la seconde guerre mondiale puis de la guerre froide, s’installera à Mons en Belgique, où se trouve déjà le commandement des pays membres de l’Alliance atlantique. Un revers pour la chancelière allemande Angela Merkel sous couvert de repositionnement stratégique. Mark Esper a défendu l’idée d’une consolidation de l’Alliance et d’une hausse de la dissuasion face à la Russie, avant que Donald Trump ne sorte l’argument financier de manière simplificatrice : « On en a marre d’être des pigeons : nous réduisons nos forces en Allemagne parce qu’ils ne paient pas. ».

L’Allemagne investit peu dans la défense… la Belgique encore moins

De la stratégie contestée par certains experts, le président américain passe à la question gros sous, avec en toile de fond la frustration liée à l’énorme déficit du commerce américain vis à vis de l’Allemagne. Au sujet du financement de l’Otan, Trump entretient une confusion entre financement direct par quotes-parts (l’Allemagne est un des principaux contributeurs) et le financement indirect par les dépenses de défense de chacun des pays.

Depuis 2006 l’Otan préconise un investissement minimum de 2 % du PIB, que s’efforce d’atteindre la France par exemple, avec 1,8 % en 2018 (autour de 2 % en incluant entre autres les surcoûts des opérations extérieures). Du côté allemand, le compte n’y est pas avec un maigre 1,3 %, au même niveaux que les Pays-Bas, à peine au-dessus de l’Italie (1,2%). Il est toutefois frappant de constater que la Belgique, qui devrait bénéficier de ce vaste mouvement de troupes et de structure, ne consacre quant à elle que 0,9 % de son PIB aux dépenses de défense… Un record minimaliste seulement égalé par l’Espagne et l’Islande.

Au-delà de l’annonce choc, le dossier n’est pas clos. Le Congrès américain doit encore approuver les dépenses importantes liées à cette délocalisation. Donald Trump a aussi précisé qu’il pourrait corriger ce plan de retrait si les Allemands « commençaient à payer leurs factures ». Une formule qui ne devrait pas arranger ses relations tendues avec Angela Merkel.

G.M.

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