La pression s’accentue sur le Brésil et son président Jair Bolsonaro à mesure que les incendies en Amazonie progressent. Le secteur commercial et financier s’en mêle, tandis que la charte fondatrice d’une « Alliance pour la préservation des forêts tropicales » vient d’être publiée.
Partagée entre neuf pays, la forêt amazonienne est aussi souvent considérée comme un « patrimoine commun de l’Humanité », indispensable à l’équilibre malmené de la planète. Emmanuel Macron l’avait d’ailleurs défendu l’année dernière face à un Jair Bolsonaro furieux et injurieux, prétendant défendre la souveraineté du Brésil contre une mentalité « colonialiste ».
Cette année la déforestation a encore progressé de 25 % par rapport aux chiffres déjà terribles de 2019, selon l’Institut nationale de recherche spatiale brésilien. La forêt a d’ores et déjà perdu entre 16 et 20 % de sa végétation originelle, au profit des cultures de soja et de l’élevage bovin.
Lors de la réunion du G7 en 2019, les pays membres avaient accordé un temps et une enveloppe consacrés à la lutte contre les incendies en Amazonie. La France annonçait dans la foulée la création d’une « Alliance pour la préservation des forêts tropicales humides » entre pays forestiers de l’Amazonie, du Bassin du Congo, de l’Asie du sud, et partenaires. Cela vient d’aboutir en juillet à l’adoption d’une charte qui vise à « élever le niveau d’ambition politique en matière de forêts tropicales ». Il s’agira de renforcer la promotion, la coopération, les capacités opérationnelles et le dialogue avec la société civile. Du « long terme » assumé qui de toute évidence contraste avec l’urgence affirmée.
Des fonds d’investissements menacent de se retirer du Brésil
Le débat comme la confrontation s’invitent également dans la sphère commerciale et financière. Ainsi l’accord commercial en cours de négociation entre l’Union européenne et le Mercosur pourrait contenir des dispositions « pour garantir que les biens entrant sur le marché européen ne soient plus liés à la déforestation », propose par exemple Greenpeace. Inclure un levier d’action de la sorte, fort et concret, apparaît en effet dans l’esprit de la charte portée en étendard par la France.
Dans l’immédiat, Jair Bolsonaro doit faire face à un nouveau front : des fonds d’investissement d’Europe, d’Asie et d’Amérique ont menacé de se retirer partiellement du Brésil si aucun effort concret n’est fait pour lutter contre la déforestation. Certaines banques brésiliennes refuseraient désormais de financer la viande ou le soja issus de la déforestation. Aussi, les PDG d’une quarantaine de multinationales – parfois en retard sur le « greenwashing » et leur propre transparence – s’inquiètent de l’impact de la mauvaise image du Brésil sur les échanges commerciaux. Mais, alors que la tourmente économique provoque des dégâts considérables en Amérique latine, de telles menaces ont toutes les chances de peser plus lourd qu’une charte.
G.M.
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