Biélorussie, Navalny : l’Europe de nouveau en prise avec Poutine

Biélorussie, Navalny : l’Europe de nouveau en prise avec Poutine

Entre le très probable empoisonnement de l’opposant russe Alexeï Navalny et son rôle à jouer dans la crise post-électorale en Biélorussie, la Russie se retrouve une nouvelle fois au cœur des préoccupations de l’Union européenne. Vladimir Poutine est simultanément considéré comme une menace… et comme un espoir afin d’influer sur une transition politique négociée dans l’ancienne république soviétique.

Pour l’Allemagne, qui a accueilli le plus influent opposant au pouvoir sans partage de Poutine, l’empoisonnement de Navalny ne fait presque plus de doute. La chancelière allemande Angela Merkel a réagi avec fermeté, appelant les autorités russes « à résoudre cette affaire dans les moindres détails et en pleine transparence ». Ce qui ne risque évidemment pas d’arriver, mais c’est dit. «Il y a quelques exemples (d’empoisonnement intentionnel) dans l’histoire récente de la Russie, donc le monde prend ce soupçon très au sérieux », a aussi déclaré lundi dernier son porte-parole. La France, l’Union européenne et les États-Unis ont réagi dans le même sens.

Biélorussie : la hantise du scénario à l’ukrainienne

Comment dans un tel contexte est-il possible d’engager sereinement et efficacement des pourparlers avec Poutine sur la question biélorusse ? Après 26 ans de pouvoir sans partage en Biélorussie, Alexandre Loukachenko fait face à un important mouvement de contestation suite à sa réélection frauduleuse du 9 août dernier. Alors que les relations du dictateur avec le chef du Kremlin sont ambivalentes, le pays se trouve dans la sphère immédiate d’influence russe. Poutine a nécessairement un rôle décisif à jouer, et l’Europe des 27 souhaite éviter une répétition du conflit ukrainien, qui avait abouti en 2014 à l’annexion de la Crimée.

« La tension entre l’Europe et la Russie s’est réglée par des tirs, de la violence et une désagrégation du territoire ukrainien qui dure encore. Le problème d’aujourd’hui des Biélorusses n’est pas de choisir entre la Russie et l’Europe, c’est d’obtenir la liberté et la démocratie » a déclaré Joseph Borell, le chef de la diplomatie européenne. Une diplomatie qui dans l’immédiat peine à déceler le jeu de Poutine, lui-même pris de court par la précipitation des événements en Biélorussie.

Des échanges téléphoniques ont eu lieu entre Vladimir Poutine, Emmanuel Macron, Angela Merkel et Charles Michel, le président du Conseil européen. En parallèle l’Union européenne se prépare à sanctionner une vingtaine de personnes pour leur rôle dans la fraude électorale et la répression des opposants biélorusses. De son côté le Kremlin a averti contre toute tentative d’« ingérence étrangère ».

La solution pourrait être trouvée grâce à la médiation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), où sont représentées à la fois la Russie et la Biélorussie. Car négocier avec le pouvoir russe est indispensable, mais sans garantie de sincérité. Comme Le Monde l’écrit dans son édito du 24 août : « M. Poutine peut parfaitement parler avec l’UE, tout en aidant le régime biélorusse à « stabiliser » la situation en sous-main. »

G.M.

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