Washington a imposé la semaine dernière des sanctions inédites contre la procureure générale de la CPI, Fatou Bensouda. Les États-Unis souhaitent notamment protéger leurs soldats mis en cause dans la guerre contre les talibans en Afghanistan.
Le multilatéralisme vient de prendre un nouveau coup de la part de l’administration Trump, bien que les États-Unis n’aient jamais ratifié le Statut de Rome, à l’origine de la création de la Cour pénale internationale. Déjà en opposition frontale à l’Organisation mondiale du commerce et à l’Organisation mondiale de la santé, Washington réagit ainsi à la décision prise par la Cour en mars dernier d’autoriser l’ouverture d’une enquête pour crimes de guerre présumés par ses soldats en Afghanistan. Une guerre lancée en octobre 2001 dans la foulée des attentats du 11 septembre, qui constitue le plus long conflit jamais mené par les États-Unis, une guerre perdue puisque les talibans se trouvent de nouveau en position de force (« Comprendre la défaite américaine en Afghanistan », Diplomatie juin-juillet 2020).
Une Cour pénale internationale appréciée souvent, crainte parfois
La procureure Fatou Bensouda, ancienne ministre de la Justice de Gambie, ancienne procureure adjointe de la CPI, est considérée comme « une des cinquante Africaines les plus influentes au monde » par l’hebdomadaire Jeune Afrique et a été classée parmi les 100 personnes les plus influentes au monde par le magazine Time en 2017. Aujourd’hui, elle est avec plusieurs collaborateurs la cible de sanctions économiques américaines, qui font suite à une interdiction d’entrer sur le territoire américain décidée en juin dernier.
Les réactions indignées ne sont pas faites attendre. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a exprimé « sa profonde préoccupation », tandis qu’un porte-parole de la Commission a déclaré que l’Union européenne se tient aux côtés de la CPI et est « fermement opposée à toutes les tentatives de saper le système international de justice pénale ». Pour sa part le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian a souligné que « la France réaffirme son soutien sans faille à la Cour pénale internationale et à ses personnels, ainsi qu’à l’indépendance de la justice ».
Le porte-parole de la CPI, Fadi El Abdallah a déclaré que « la Cour continue d’appuyer fermement son personnel et sa mission de lutter contre l’impunité pour les crimes les plus graves du monde au regard du droit international, de manière indépendante et impartiale, conformément à son mandat. »
Alors qu’une chronique dans Jeune Afrique dénonce le manque de réactions politiques de soutien, voire même « le silence assourdissant » en Afrique (« Fatou Bensouda et la CPI au tribunal de Donald Trump »), un rare appui apporté à la décision américaine pourrait venir d’Israël. Le pays hébreu est souvent pointé du doigt pour ses interventions militaires en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. La Cour pénale internationale menace de traduire de nombreux militaires israéliens pour crimes de guerre présumés dans les territoires palestiniens occupés.
G.M.
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