75 ans de l’ONU : à la tribune, multilatéralisme contre nouvelle guerre froide

75 ans de l’ONU : à la tribune, multilatéralisme contre nouvelle guerre froide

193 discours enregistrés pour autant d’États membres vont se succéder cette semaine à la tribune de la 75e Assemblée générale des Nations unies.
« Aujourd’hui nous avons trop de problèmes multilatéraux et pas assez de solutions multilatérales » a souligné Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’Onu.

Aucun chef d’État n’aura fait le déplacement à la tribune des Nations unies dans le contexte actuel de pandémie d’un virus qu’on se lasse de nommer autant que de subir. Plus que jamais la coopération apparaît nécessaire entre les nations : le message délivré par Antonio Guterres se veut pressant, incantatoire même. « Dans un monde interconnecté, nous avons besoin d’un multilatéralisme en réseau, dans lequel la famille des Nations Unies, les institutions financières internationales, les organisations régionales, les blocs commerciaux et d’autres collaborent plus étroitement et plus efficacement ».

Inquiet, M. Guterres a regretté que « pour la première fois en trente ans, la pauvreté augmente. Les indicateurs de développement humain sont en berne. Nous n’avons jamais dévié aussi loin des objectifs de développement durable. » Il s’est également attaché à une idée forte : «  J’appelle la communauté internationale à redoubler d’efforts – sous la conduite du Conseil de sécurité – pour parvenir à un cessez-le-feu mondial d’ici à la fin de l’année. Nous avons cent jours, le temps presse ».

Le Secrétaire général s’est enfin montré inquiet face à la « grande facture » entre la Chine et les États-Unis. Le monde doit éviter « une nouvelle guerre froide » alors que les différends entre les deux puissances rivales se multiplient.

Efficacité collective plutôt que rivalité

Le président américain Donald Trump et le chef d’État chinois Xi Jinping ont eu tous deux l’occasion de s’exprimer en début de semaine par l’intermédiaire de courtes vidéos. Le premier a chargé la Chine en l’accusant d’avoir à l’origine laissé le virus se disséminer et « infecter le monde », ce qu’a démenti le second en pointant du doigt « l’attitude irresponsable » de l’Américain.

Tandis que l’expression que l’on croyait désuète revient en force, Xi Jinping a déclaré que « la Chine n’a pas l’intention d’entrer dans une guerre froide ». Il faudra des actes plus que des paroles pour convaincre ses nombreux détracteurs ; comme il en faudra plus à Donald Trump pour persuader de l’efficacité à terme de son plan de paix pour le Moyen-Orient, qu’il a vanté avec optimisme (cf les accords récents entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn).

Le président français Emmanuel Macron a quant à lui renvoyé les deux puissances à leurs responsabilités, notamment dans le cadre du Conseil de sécurité qui subit de nombreux blocages. Il a dénoncé ceux qui « ont préféré à l’efficacité collective l’affichage de leur rivalité ». Cependant la Chine est de moins en moins épargnée dans les discours, puisque le chef d’État français a demandé l’envoi d’une mission internationale dans le Xinjiang, où les Ouïghours subissent des exactions massives. Et d’asséner : « Les droits fondamentaux ne sont pas une idée occidentale que l’on pourrait opposer comme une ingérence à tous ceux qui s’y réfèrent ».

G.M.

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