Brexit, le transport routier tire la sonnette d’alarme

Brexit, le transport routier tire la sonnette d’alarme

Alors que la menace du no deal continue de planer sur les négociations autour du Brexit, l’inquiétude monte des deux côtés de la Manche, notamment chez les commerçants et les transporteurs routiers.

S’il y a bien un consensus autour d’un sujet pourtant complexe, c’est qu’un Brexit sans accord ne ferait que des perdants. « Nous devons affronter le risque d’être au bord du précipice, en particulier concernant le commerce », avait prévenu le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, dès le début de l’année.

Une perspective que la crise sanitaire n’a fait qu’aggraver. Un no deal « pèserait lourdement sur la conjoncture déjà fragile en Europe, empoisonnerait le climat politique et rendrait difficile la coopération future », a estimé récemment le directeur de l’institut économique Ifo de Munich, Clemens Fuest.

Si l’économiste allemand estime que le Brexit entraînera des risques économiques considérables pour les Britanniques, les économies continentales ne s’en sortiront pas beaucoup mieux. « Beaucoup d’entreprises allemandes ont assurément anticipé un Brexit dur, mais les possibilités de s’y préparer sont limitées, car l’ampleur de la rupture reste dans le flou et on ne sait pas précisément comment l’UE et le Royaume-Uni réagiront sur les plans politique et administratif », analyse M. Fuest.

La pêche, la concurrence équitable et la gouvernance de l’accord restent les principaux sujets de discorde, mais tous les secteurs économiques craignent les conséquences négatives d’un no deal. L’absence d’accord pourrait limiter la capacité des conseillers et des compagnies d’assurance basées au Royaume-Uni d’opérer dans l’UE.

L’alerte de l’Union internationale des transports routiers (IRU)

En matière de sécurité et de justice pénale, l’extradition des criminels entre le Royaume-Uni et l’UE pourrait être plus difficile, tandis que le refus du Royaume-Uni d’accepter la compétence de la Cour de justice européenne (CJE) affaiblirait la coopération entre les deux partenaires. Les commerçants redoutent quant à eux des formalités administratives supplémentaires et des droits de douane plus élevés.

La perspective n’est guère plus réjouissante pour le secteur du transport et de la logistique, qui a également tiré la sonnette d’alarme. Dans une lettre ouverte adressée à Michel Barnier et David Frost, les 33 associations d’entreprises européennes du transport routier réunies autour de l’Union internationale des transports routiers (IRU) réclament un accord capable de protéger les déplacements des poids lourds entre le Royaume-Uni et l’Europe.

Alors que 2,3 millions de camions voyagent chaque année des deux côtés de la Manche, les signataires de la lettre affirment qu’un accord de libre-échange entre les deux partenaires protégerait la chaîne d’approvisionnement et soutiendrait les économies de l’UE.

« Le transport routier commercial a beaucoup souffert lors de la pandémie Covid-19, avec une perte de revenus en 2020 pour les transporteurs de marchandises européens estimée à 64 milliards d’euros. Les coûts supplémentaires encourus en raison de l’absence d’accord Royaume-Uni-UE à la fin de l’année seraient un autre coup dur pour les entreprises et devraient être évités par tous les moyens », ajoute Raluca Marina, déléguée générale de l’Union internationale des transports routiers (IRU).

Date fatidique du 15 octobre 2020

En l’absence d’accord, les transporteurs britanniques et européens auraient besoin de permis dans le cadre du système européen, mais les quotas sont limités et le nombre de permis délivrés serait inférieur au nombre de conducteurs en activité.

Pour ce qui est du ferroviaire, les opérateurs devront se conformer à deux systèmes différents à partir de 2021. Des perturbations sont à prévoir du côté du tunnel sous la Manche, qui représente le quart des échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’UE, soit 140 milliards d’euros de marchandises par an.

Enfin, les services aériens pourraient être restreints car l’accès du Royaume-Uni à l’UE serait limité et la réglementation serait plus complexe, le Royaume-Uni se retirant de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA).

La liste des victimes d’un éventuel Brexit sans accord ne s’arrête malheureusement pas là. Les voyages d’affaires, la protection de données ou encore le droit d’asile sont autant de sujets cruciaux pour de nombreux citoyens et entreprises qui lancent un appel à l’approche du fatidique 15 octobre 2020.

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