Armes nucléaires déclarées illégales : un traité sans portée ?

Armes nucléaires déclarées illégales : un traité sans portée ?

Un petit pays d’Amérique centrale, le Honduras, a été le 50e pays à ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), ouvrant ainsi la voie à son entrée en vigueur d’ici à trois mois. Le texte avait été approuvé par l’Assemblée générale des Nations Unies en juillet 2017 avec le soutien de 122 pays.

Toutefois, au-delà du vote non contraignant à la tribune internationale de l’ONU, d’autres étapes sont indispensables pour traduire les paroles en actes : la signature, chose faite pour 84 pays, qui doit ensuite être suivie par une ratification de l’État concerné.

Le traité interdit l’utilisation, le développement, la production, les essais, le stationnement, le stockage et la menace d’utilisation des armes nucléaires. Il diffère et vise à compléter le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) qui ne prévoit pas d’interdiction globale de tels armements. « Nous débuterons une nouvelle décennie où les armes nucléaires seront illégales au regard du droit international » s’est réjouie la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN, une ONG qui a obtenu en 2017 le prix Nobel de la paix).

Souvent qualifié d’« étape symbolique », le texte entrera en vigueur dans un contexte de tensions autour de la question du désarmement international, notamment entre la Russie et les États-Unis (cf les enjeux du traité New Start). Surtout, il apparaît impossible à accepter pour les puissances nucléaires et leur stratégie de défense et de dissuasion.

Ainsi les grandes puissances nucléaires que sont les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et la Grande-Bretagne n’ont pas signé le texte. A titre d’exemple, selon la France le TIAN est « inadapté au contexte sécuritaire international marqué par lé résurgence des menaces d’emploi de la force » et « fragilise une approche réaliste d’un désarmement s’effectuant étape par étape » (à lire sur le site gouvernemental vie-publique.fr).

Dans le fond il n’est pas non plus surprenant qu’un pays comme le Japon, bénéficiant du « parapluie nucléaire américain », n’adhère pas non plus au traité… tout en affirmant partager l’objectif d’abolition des armes nucléaires. Plus près de chez nous, en Belgique, une partie non négligeable de la population et des autorités locales font pression pour que leur pays signe et ratifie le traité. Ce qui aurait pour conséquence de ne plus accueillir sur leur territoire des ogives américaines (et les chasseurs F35 qui les emportent), que l’on retrouve également dans des bases en Allemagne, en Italie et aux Pays-Bas.

G.M.

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