Coronavirus : les groupes français se mobilisent pour l’accès à l’eau

Coronavirus : les groupes français se mobilisent pour l’accès à l’eau

D’après l’Unicef, 40 % de la population mondiale n’a pas accès à l’eau et ne peut donc se laver les mains, une pratique pourtant recommandée pour lutter contre la propagation de la Covid-19. Des groupes tricolores comme Danone ou Suez tentent d’y remédier.

 

Une mesure sanitaire de premier plan, pourtant difficilement accessible dans le monde

Un peu partout dans le monde, la deuxième vague de Covid-19, tant redoutée cet été, oblige désormais de nombreux pays à décréter un nouveau confinement. Bars, restaurants, universités, salles de sport : de nombreux lieux de vie ferment petit à petit leurs portes, dans l’espoir d’enrayer l’expansion du virus, qui avait fait, au 1er novembre, près de 1 191 800 victimes tout autour du globe, pour plus de 45 700 000 cas. Mais qui dit confinement ne dit pas, bien heureusement, interdiction pure et simple de sortir se dégourdir les jambes ou, bien entendu, d’aller faire ses courses. Raison pour laquelle, au début de ce reconfinement, les gouvernements tiennent à rappeler les gestes barrières à adopter, tels que le port du masque, la distanciation sociale et… le lavage des mains systématique.

« Vous laver les mains peut vous sauver la vie et protéger vos proches », précisait à ce titre l’Unicef fin septembre dernier, en introduction d’une notice sur le lavage des mains. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance indique que « les virus respiratoires tels que la maladie à coronavirus (Covid-19) se propagent lorsque du mucus ou des gouttelettes contenant le virus pénètrent dans votre corps par l’intermédiaire de vos yeux, de votre nez ou de votre gorge ». Et ceci, la plupart du temps, « grâce » aux mains. D’où l’importance d’un lavage des mains sérieux – une trentaine de secondes -, l’une « des mesures les plus économiques » pour enrayer la propagation de la Covid-19, selon l’Unicef.

Mais encore faut-il avoir accès à de l’eau propre, ce qui est très loin d’être le cas pour une grande partie de la population mondiale. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance estimait même, au moment de la première vague de coronavirus, que 40 % des habitants de la planète, soit 3 milliards de personnes, ne pouvait pas se laver les mains à la maison. Sam Godfrey, responsable eau et assainissement pour l’Unicef dans le sud et l’est de l’Afrique, a précisé à l’époque que des millions d’individus n’avaient ainsi pas accès à l’eau courante, ni les moyens de se fournir en savon. Avec, en première ligne, les habitants des bidonvilles ou des camps de réfugiés, qui ont à affronter, déjà, divers problèmes de santé comme la malnutrition.

Outre les institutions mondiales comme la Banque mondiale, qui collabore étroitement avec les pays pour faire en sorte que les populations puissent bénéficier d’un approvisionnement fiable en eau saine, des groupes œuvrent pour développer un accès à l’eau potable dans certaines régions démunies. C’est le cas de Danone, l’un des leaders mondiaux de l’alimentation, qui a lancé dès le mois de mars dernier « We Act For Water », un panel de mesures à mettre en place pour permettre au plus grand nombre de bénéficier d’une hydratation saine et d’un accès à l’eau certain. Le groupe tricolore s’engage par exemple à associer tout litre d’eau vendu dans le monde à un litre d’eau accessible aux populations des pays émergents. Grâce à la création d’un fonds (W2AF – Water Access Acceleration Fund), plus de 50 millions de personnes auront accès à l’eau à l’horizon 2030 en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. Ce capital financier, d’un montant de 50 millions d’euros, sera en partie sponsorisé par Danone, à hauteur de 20%.

Danone, Suez… : mobilisation du secteur privé

Cette volonté, permise par la création d’un fonds abondé à hauteur de 10 millions d’euros par Danone, n’est pas sans rappeler celle de la plateforme It’s about my Africa, qui s’était associée en 2016 à l’entreprise toulousaine Sunwaterlife – qui a développé un système de purification de l’eau – pour lancer une campagne de financement participatif, afin de rendre l’eau potable accessible à quelque 120 millions d’Africains. Autre exemple, Suez, le premier fournisseur d’eau privé dans le monde, a lancé, à travers la Fondation Suez, le programme « Villages et écoles assainis » en République démocratique du Congo, afin de permettre à 24 000 personnes de bénéficier d’un accès à l’eau potable.

Suez qui, d’ailleurs, vient de lancer Covid-19 City Watch, un système de surveillance pour suivre la circulation du virus dans les milieux urbains, grâce à des indicateurs reliés aux réseaux d’assainissement, afin d’anticiper l’apparition de nouveaux clusters. L’offre, destinée aux collectivités locales – qui peuvent alors surveiller les installations à risque, comme les maisons de retraite par exemple, et prendre des mesures préventives ou réagir immédiatement -, est pour l’instant déployée dans 15 villes en Espagne, et devrait bientôt arriver en France, aux États-Unis, en Inde et au Maroc. Rappelant à quel point l’accès à l’eau saine est primordiale pour lutter contre la Covid-19.

« Conformément au droit international des droits humains, les gouvernements devraient adopter des mesures visant à garantir l’accès à l’eau potable à toutes les communautés. C’est une question cruciale à l’égard de la santé publique et du respect des droits humains », soulignait à ce titre Human Rights Watch le 22 mars dernier, à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau. En Égypte, par exemple, les personnes incarcérées n’avaient pas suffisamment accès à l’eau salubre, en raison de la vétusté des prisons, tandis qu’aux États-Unis, 550 000 personnes vivant dans la rue sont dans l’incapacité de trouver douches ou lavabos. Les dirigeants, quant à eux, avaient vraisemblablement préféré s’en laver les mains.

 

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