Côte d’Ivoire : pourquoi le taux de participation à la présidentielle n’est pas problématique ?

Côte d’Ivoire : pourquoi le taux de participation à la présidentielle n’est pas problématique ?

Dans la nuit du 02 au 03 novembre, la CEI – Commission électorale indépendante – proclamait les résultats provisoires de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. “Est donc réélu président de la République M. Alassane Ouattara”, affirmait Ibrahime Coulibaly-Kuibert, président de la CEI. Une victoire remportée haut la main par le chef de l’Etat, qui totalise 94,27% des suffrages, avec un taux de participation équivalent à 53,90%.

 

Nouvelle candidature : un devoir démocratique selon Ouattara

Alors  qu’Alassane Ouattara avait initialement prévu de passer la main à son Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly et “transférer le pouvoir à une jeune génération”, le décès soudain de ce dernier en juillet dernier redistribue les cartes. C’est face à une “situation exceptionnelle” qu’Alassane Ouattara présente finalement sa candidature. Une “décision mûrement réfléchie” que le Président considère comme “un devoir (…) dans l’intérêt supérieur de la nation afin de continuer de mettre sans relâche mon expérience au service de notre pays”. 

Car depuis son arrivée au pouvoir dix ans plus tôt, Alassane Ouattara a largement contribué au redressement socio-économique de la Côte d’Ivoire: croissance économique la plus élevée du continent, amélioration des systèmes éducatif et de santé, développement des infrastructures… la liste est longue. Et pour le Président, pas question de revenir en arrière : Le risque que notre pays recule dans bien des domaines, tout cela m’amène à reconsidérer ma position”, laissait-il entendre début août dernier. 

Si bien que malgré les appels de l’opposition à manifester et boycotter l’élection, plus de la moitié des citoyens en âge de voter – soit 53,90% – se sont rendus aux urnes pour élire leur Président à un troisième mandat. Et cela dans le calme et la discipline selon la CEI

 

Le respect du processus démocratique contesté par l’opposition

La nouvelle Loi fondamentale de 2016 permet à Alassane Ouattara de se présenter à un nouveau mandat en toute légalité. Et les Ivoiriens n’ont pas hésité à se rendre aux urnes pour défendre leur Président malgré un climat de tensions. Un taux de participation important donc, compte-tenu du contexte. Depuis quelques semaines et le début de la campagne présidentielle le 15 octobre dernier, l’opposition, menée par Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan, avait appelé les électeurs à boycotter le scrutin. Une atteinte au processus électoral perçue comme un “complot contre l’autorité de l’Etat”, selon le Gouvernement, qui souhaite traduire en Justice les auteurs de ces infractions. 

Après une campagne présidentielle contestable du côté de l’opposition, pas étonnant donc qu’Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan ne reconnaissent pas les résultats du scrutin. Le contraire aurait même été surprenant. Avant même la publication du bilan provisoire par la CEI, l’opposition, à l’instar de Guillaume Soro, avançait des résultats faussés – avec un taux de participation à peine supérieur à 10%. 

Pour autant, lorsqu’on compare le taux de participation de l’élection ivoirienne aux taux de participation d’autres pays démocratiques pour des élections majeures, ces derniers sont quasiment similaires. Pour la France, par exemple, si les élections présidentielles de 2017 ont connu un taux de participation élevé – 77,77% au premier tour et 74,56% au second -, les résultats des premiers tours des élections législatives de 2017, ceux des élections régionales de 2015 ou encore ceux des élections municipales de 2020 ont respectivement atteint 48,70%, 49,91% et 44,66%. Des chiffres pas si éloignés des 53,90% de la Côte d’Ivoire, donc. 

Et pour couronner le tout, les leaders de l’opposition ont annoncé leur volonté de mettre en place un Gouvernement de transition. De fait, lundi dernier, un Conseil national de transition est créé, présidé par Henri Konan Bédié. Son objectif ? Se substituer aux institutions républicaines légalement établies. Pour le Garde des Sceaux, Sansan Kambilé, “Cette déclaration ainsi que les violences perpétrées suite au boycott actif constituent des actes d’attentat et de complot contre l’autorité de l’Etat et l’intégrité du territoire national. Ces faits sont prévus et punis par la loi pénale”. 

Quelle est la légitimité de l’opposition à mettre en place ce qui pourrait s’apparenter à un coup d’Etat, alors que le scrutin a été réalisé dans le respect des principes démocratiques ? Si l’opposition n’a pas souhaité participer au scrutin, elle doit, selon la plupart des observateurs, en accepter les conséquences. Dans ce climat de tension, la CEDEAO, l’UA et l’ONU ont appelé l’opposition à “respecter l’ordre constitutionnel” et “privilégier la voie du dialogue”, à travers un communiqué commun qui appelle également l’ensemble des parties à la “retenue pour préserver les vies humaines”. 

 

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