La Chine est parvenue le 15 novembre dernier à rassembler 14 pays d’Asie et du Pacifique autour d’un accord de libre-échange. Le Partenariat régional économique global (RCEP) est désormais le plus vaste accord commercial au monde puisqu’il concerne 2 milliards de personnes, même si cela ne présume pas de sa profondeur économique. Cet accord lie les dix pays asiatiques de l’Asean avec la Chine donc, mais aussi des pays plus ou moins rivaux tels que le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle Zélande.
Les négociations avaient débuté il y a huit ans, après que le président américain Barack Obama ait lancé un projet de traité de libre-échange transpacifique (TPP), qui visait aussi à jeter une ombre sur Pékin. Cependant Donald Trump décidait en 2017 de désengager les États-Unis des négociations, préférant jouer de sa stature de négociateur par l’intermédiaire d’accords bilatéraux. Le TPP désiré devint alors en 2018 un simple partenariat (PTGP) dit « global et progressiste » entre 11 pays, de l’Australie au Vietnam en passant par le Canada et le Mexique.
La Chine, le libre-échange et le multilatéralisme : une illusion ?
Selon le parti communiste chinois, ce nouveau traité de libre-échange qu’il chapeaute accélérera l’intégration économique et donnera un nouvel élan à des nations affectées par la crise dérivée de la pandémie. Toutefois le magazine The Economist repris par Courrier International explique que « pour certains le RCEP manque d’ambition au point qu’il n’est guère plus qu’un accord symbolique. Pour d’autres, c’est un jalon décisif dans la construction d’un nouvel ordre mondial marqué par la domination de la Chine sur toute l’Asie ». Il ne fait en tout cas pas de doute que cet accord est d’une haute valeur ajoutée stratégique pour la Chine, créant une synergie avec les très ambitieuses « nouvelles routes de la soie ».
Cité par le très officiel People Daily, le Premier ministre chinois Li Keqiang a affirmé que le RCEP « donne espoir aux gens face à la situation internationale morose d’aujourd’hui, montrant que le multilatéralisme et le libre-échange constituent la bonne direction pour l’économie mondiale et le progrès humain ». Des propos que certains analystes et éditorialistes contredisent, comme ici dans les colonnes du quotidien québecois Le Devoir : « En parvenant à convaincre quatorze pays de la zone Asie-Pacifique de signer un accord de libre-échange même très partiel, le gouvernement communiste chinois pose hypocritement en défenseur du multilatéralisme devant une Amérique absente. »
G.M.
Crédit photo : Stefan Fussan (licence Creative Commons)
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