La communauté internationale a réuni cette semaine plus de dix milliards d’euros pour maintenir à flot l’Afghanistan, qui subit un regain de terribles violences malgré des négociations du pouvoir avec les talibans. Cette aide fournie à l’État afghan pour la période de 2021-2024 est plus précisément réunie par la « conférence des donateurs », qui rassemble environ 70 pays ainsi que des organisations internationales. La continuité de cet appui financier, malgré une sensible variation à la baisse, est largement considérée comme indispensable. Elle se veut toutefois soumise à conditions. Malgré leur défaite militaire en 2001, les talibans sont aujourd’hui en mesure de viser à un retour au pouvoir en jouant à la fois sur les plans militaire et diplomatique.
La recrudescence récente des violences (attaques contre des militaires, attentats contre des civils) a incité les pays donateurs à conditionner l’aide à un cessez-le-feu et à l’avancée du dénommé « dialogue inter-afghan ». Des négociations en vue d’une trêve durable qui depuis des mois s’enlisent à Doha, au Qatar. « Toute tentative de restaurer l’Émirat islamique aura un impact » a ainsi prévenu Josep Borrell, le Haut Représentant de la politique extérieure de l’Union européenne. Et de préciser : « La future trajectoire de l’Afghanistan doit préserver les avancées démocratiques et des droits humains réussies depuis 2001, et en particulier ceux relatifs aux droits des femmes et des enfants. »
Dans un contexte de retour en force des talibans, en février dernier les États-Unis signaient avec eux un accord, 19 ans après les avoir défait militairement. Contre un retrait total des forces américaines d’ici à mai 2021, les forces talibanes s’engageaient à mettre fin à leur guerre de guérilla, à cesser leur coopération avec Al Qaeda ou Daesh et à participer au dialogue inter-afghan. Si le dialogue a été engagé avec un État afghan très affaibli, l’absence de résultat comme la volonté des insurgés de maintenir la pression militaire sur Kaboul témoignent d’une duplicité évidente, au-delà de leur fragmentation. Côté américain, alors que Trump accélère le retour au bercail des troupes américaines, la future administration Biden pourrait décider d’une annulation de ce retrait que beaucoup jugent aussi prématuré que dangereux.
G.M.
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