La Turquie ciblée par des sanctions européennes et américaines

La Turquie ciblée par des sanctions européennes et américaines

Sur deux dossiers distincts la Turquie a reçu ces derniers jours des réponses de Paris et de Washington, plutôt mesurées selon les experts. D’un côté l’administration américaine reproche au président turc Erdogan d’avoir acquis l’été dernier des systèmes de défense anti-aérienne russes S-400. Selon les États-Unis ces S-400 représentent « un danger pour la sécurité » des systèmes de l’Otan, alliance à laquelle appartient la Turquie tout en y provoquant des remous. Les sanctions ne visent pour l’instant que la Direction des industries turques de la défense, son président et trois de ses employés.

Pour cette même raison, les Turcs avaient été exclus l’année dernière du programme du chasseur nouvelle génération F-35. Ils ne peuvent désormais ni participer à la production ni acheter ce fleuron de l’aéronautique américaine, alors qu’initialement ils devaient en être le deuxième acquéreur derrière le Royaume-Uni. Malgré des sanctions récentes à la portée limitée, qui n’affectent pas l’économie turque, Erdogan a réagi vivement cette semaine, dénonçant « une attaque ouverte contre notre souveraineté » ; et d’ajouter : « Nous allons redoubler d’efforts pour rendre notre industrie de défense indépendante ». La Turquie pourrait aussi se tourner de nouveau vers la Russie pour l’acquisition de chasseurs nouvelle génération, puisque dans le contexte actuel on l’imagine mal acquérir le Rafale français !

Agressivité, cercle vicieux… et réconciliation avec l’UE ?

Côté relations avec l’Union européenne, les tensions vives découlent de la « rhétorique agressive », des « provocations » et de l’activisme d’Ankara en Méditerranée orientale, à la recherche de gisements gaziers dans des zones maritimes disputées avec la Grèce et Chypre. Divisés comme souvent sur l’ampleur à donner à leur réaction, les 27 se sont accordés la semaine dernière sur des sanctions à minima touchant les responsables des opérations d’exploration gazière. Si l’attitude de la Turquie demeure problématique pour l’UE, d’autres mesures punitives pourraient être prises début 2021.

Erdogan, connu pour pousser à bout ses alliés avant de changer de ton face à la menace, n’a pas dérogé à sa réputation cette semaine. Mardi dernier, lors d’un entretien téléphonique avec le président du Conseil européen Charles Michel, il a communiqué sur son souhait d’ouvrir « une nouvelle page » avec l’UE et de sortir leur relation d’un « cercle vicieux ». Selon lui le pacte migratoire signé en 2016 (6 milliards d’euros contre l’accueil sur son territoire de migrants visant l’Europe via la Grèce) est une bonne base pour créer un climat positif. Au-delà des considérations sur cet accord polémique, cela ne suffira certainement pas à calmer le jeu, notamment avec la Grèce et la France.

G.M.

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