L’accord sur le Brexit signé par le Royaume-Uni et l’Union européenne s’accompagne d’un lourd effet collatéral pour les échanges culturels entre l’île et le continent : la fin du programme d’échange universitaire Erasmus. Le Premier ministre britannique Boris Johnson avait promis le contraire en janvier dernier, mais son gouvernement a choisi de ne pas accepter les solutions qui lui étaient proposées afin d’éviter la fin de la participation du Royaume-Uni.
Le très populaire programme Erasmus n’a donc pas trouvé sa place dans « l’accord de commerce et de coopération », signé le 24 décembre par Londres et Bruxelles, et qui fixe les conditions de l’après-Brexit dans des domaines variés (commerce, sécurité, transport, etc.). « Véritable machine à intégration européenne, Erasmus, créé en 1987 pour les étudiants et étendu aux apprentis en 1995, est le programme le plus populaire de l’UE, mais aussi l’une de ses réalisations les plus concrètes et les plus réussies » écrit Le Monde dans son édito du 30 décembre. « Erasmus produit, littéralement, de l’identité européenne. C’est précisément ce que rejettent les brexiters. »
Petites économies contre soft power
Depuis sa création, le programme a bénéficié à près de 10 millions d’étudiants et le Royaume-Uni était la destination principale des étudiants français. Il rassemble désormais 33 pays, les 27 membres de l’Union européenne auxquels s’ajoutent la Turquie, l’Islande, la Norvège, la Serbie, la Macédoine du nord et le Liechtenstein. Il y avait encore de la place pour le Royaume-Uni, qui a cependant refusé les conditions posées par les institutions européennes, essentiellement pour des raisons financières. « C’est un échec, mais un échec pour les Britanniques » a estimé Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE pour le Brexit.
Selon M. Barnier les Britanniques « ont l’idée de bâtir un programme concurrent dans un ou deux ou trois ans ». Baptisé Alan Turing, il sera financé à hauteur de 110 millions d’euros pour l’année 2021-2022… contre « plusieurs centaines de millions de livres » pour demeurer en tant que pays-tiers dans Erasmus, selon un négociateur interrogé par The Guardian. Le pays accueille en effet plus d’étudiants étrangers qu’il en envoie hors de ses frontières. « En se privant du flux entrant des boursiers Erasmus, le Royaume-Uni risque à long terme de perdre l’un de moteurs les plus puissants de son soft power » estime cependant La Tribune.
En parallèle cette décision du gouvernement britannique accroît encore les différends avec l’Écosse, opposée au Brexit. La Première ministre écossaise Nicol Sturgeon a dénoncé un acte de « vandalisme culturel ». Par contre Erasmus sera maintenu dans les universités d’Irlande du Nord. Les étudiants européens désireux d’étudier outre-Manche devront désormais payer le prix fort dès le 1e janvier prochain, puisqu’ils ne bénéficieront d’aucune facilité financière ; à l’exception bien-sûr de ceux ayant déjà entamé leur cursus sur place.
G.M.
Crédit photo : Cristoph Scholz (licence Creative Commons)
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