La construction du pipeline qui court sur 1200 km entre la Russie et l’Allemagne devait s’achever en début d’année et alimenter davantage l’Europe en gaz russe. Cependant les tensions entre d’un côté la Russie et de l’autre les États-Unis comme l’Union européenne ont forcé la mise en pause des travaux en 2020. Et ce tandis que la question de la dépendance énergétique envers Moscou ne cesse de préoccuper.
L’affaire Navalny, du nom du farouche opposant à Vladimir Poutine, avait entraîné l’année passée l’adoption de sanctions européennes envers Moscou, qui s’étaient ajoutées à des sanctions américaines. Les États-Unis ont décidé en début de semaine de les renforcer, notamment en menaçant de représailles les entreprises qui participent au chantier aux côtés de Gazprom, dont le groupe français Engie. Parmi les premiers à renoncer à collaborer avec le géant russe, le groupe suisse Zurich Insurance vient d’annoncer la résiliation de ses couvertures d’assurance, dans la foulée du retrait d’entreprises danoises et norvégiennes. Le prix à payer pour garder accès au marché américain.
Autre conséquence immédiate : un navire russe, qui avait été autorisé à reprendre en Allemagne comme au Danemark la pose des pipelines sous la mer Baltique, est également visé par les nouvelles sanctions. Alors qu’il ne reste qu’à installer 6 % de l’œuvre colossale à 9,5 milliards d’euros, la suspension des travaux pourrait se muer en abandon. Gazprom elle-même est parvenue à cette conclusion, puisque dans un communiqué dirigé à ses investisseurs l’entreprise déclare : « Dans des circonstances exceptionnelles, notamment en raison de pressions politiques, de telles évolutions pourraient aboutir à la suspension ou à l’arrêt de certains projets » (citation par RT France).
Si l’Allemagne peut regretter ces derniers développements, les raisons géopolitiques semblent aujourd’hui prendre le dessus. Une Europe de plus en plus dépendante de l’approvisionnement russe pourrait être la cible de chantage politique. Ce ne sont pas les pays baltes, l’Ukraine et surtout la Pologne qui de ce point de vue s’en plaindront, eux qui dès le début dénoncent le projet russe. « Alors que les États baltes et la Pologne le considèrent comme une menace, la Russie voit les sanctions comme un subterfuge de l’Oncle Sam dans le but de vendre son propre gaz. L’administration Biden ne devrait pas changer son fusil d’épaule de si tôt » écrit Euractiv.
G.M.
Crédit photo : Kenneth John Gill aka Gillfoto (licence Creative Commons)
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