L’acquisition par la Grèce de 18 chasseurs de l’avionneur français Dassault a été signée le 25 janvier dernier à Athènes en présence de la ministre française des Armées, Florence Parly. Celle-ci a salué le « choix résolument européen » de l’allié grec, contrairement aux décisions récentes de la Belgique, de l’Italie et des Pays-Bas qui ont préféré l’achat d’avions américains.
L’acquisition éclair après seulement quatre mois de discussions s’est réalisée dans un contexte de fortes tensions provoquées par la Turquie en Méditerranée autour d’enjeux gaziers et de la contestation de frontières maritimes. Depuis 2018 la Turquie n’a pas hésité à utiliser l’outil militaire contre la Grèce et Chypre dans une querelle énergétique qui a fait grimper les tensions. Et ce y compris avec la France qui est venue appuyer les Grecs suite aux incursions maritimes et aériennes turques. Actions turques qui l’année dernière ont été qualifiées d’« illégales et agressives » par les dirigeants de l’Union européenne.
Pour Athènes il apparaît urgent de se renforcer. D’où le fait que les livraisons de Rafale s’effectueront très rapidement entre l’été 2021 et 2023. D’un montant de 2,5 milliards d’euros, la commande inclut six avions neufs et douze d’occasion qui seront prélevés parmi les forces aériennes françaises. Le Rafale sera un « pilier important de notre supériorité aérienne » a déclaré le ministre grec de la défense, M. Panagiotopoulos.
Plus largement, la Grèce s’est lancée dans un programme d’accroissement significatif de ses capacités militaires. En plus de l’acquisition du fameux chasseur français (aussi acheté par l’Égypte, l’Inde et le Qatar ; en lice dans des appels d’offre en Suisse, Finlande, Croatie et Indonésie), la Grèce a prévu d’acheter des hélicoptères, des drones et des frégates. Elle modernisera également ses F-16, composante d’origine américaine de sa flotte aérienne, qui comprend aussi des chasseurs d’ancienne génération Mirage 2000. Le pays a enfin annoncé l’allongement du service militaire de 9 à 12 mois.
Comme l’écrit le professeur de relations internationales grec M. Litsas dans le magazine Diplomatie de septembre-octobre 2020 (« La Grèce en Méditerranée orientale : énergie, diplomatie et perspectives à l’ère de la pandémie de Covid »), « la Grèce a aussi urgemment besoin d’une industrie nationale de défense, qui lui permette de soutenir la modernisation de sa coûteuse stratégie de dissuasion. En 2020, en termes de structure de défense, la Grèce reste totalement dépendante d’autres États, comme les États-Unis, la France et l’Allemagne ».
G.M.
Crédit photo : Clemesn Vasters (licence Creative Commons)
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