L’arrivée à la Maison Blanche de Joe Biden a ouvert la perspective d’un retour des États-Unis dans le traité international sur le nucléaire iranien, signé en 2015 avant d’être répudié par Trump trois ans plus tard. L’Iran pose pour condition au dialogue la levée des sanctions américaines qui se sont renforcées à la veille du départ de l’administration précédente. Toutefois, pour les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, l’Iran devrait au préalable stopper la production d’uranium enrichi dans laquelle s’est de nouveau lancée avec ardeur la République islamique. Et ce bien au-delà des limites fixées par l’accord conclu en 2015, suscitant ainsi une inquiétude croissante. En parallèle se pose la question du développement accéléré du programme iranien de missiles balistiques, ainsi que celle de son activisme militaire chez ses voisins.
« L’Iran n’a aucune utilisation civile crédible de l’uranium métal » qu’il s’apprête à produire, ont déclaré à la mi-janvier les trois pays européens. De son côté, le conseiller à la Sécurité nationale de Biden rappelait en fin de semaine dernière que les Iraniens « se rapprochent de plus en plus du point où ils auront assez de combustible pour fabriquer une arme nucléaire », tandis que le secrétaire d’État Tony Blinken se montrait méfiant et rappelait le non-respect par l’Iran de nombre de ses engagements. Dans un article publié hier dans les colonnes Opinions de La Tribune, le politologue iranien Hamid Enayat rappelle que « depuis 40 ans, date de l’émergence de la République islamiste, n’avons-nous pas déjà fait l’expérience que ce régime iranien ne peut renoncer à son projet nucléaire ? (…) Changer de conduite signifierait pour lui un changement de régime. C’est Khamenei lui-même, qui le dit. »
Les États-Unis laissent entendre qu’ils prendront le temps de consulter les signataires de l’accord (et donc aussi la Russie et la Chine) ainsi que les acteurs régionaux. On pense entre autres à l’Arabie Saoudite, ennemi régional de l’Iran, que le président français Macron a déclaré souhaiter intégrer à la reprise des négociations devant être « très strictes ». Ce que l’Iran a aussitôt rejeté en défendant l’immuabilité de l’accord nucléaire et du nombre de participants. Par contre le ministère des Affaires étrangères iranien a proposé en début de semaine que l’Union européenne coordonne les négociations avec les Américains… ce qui a été écarté le lendemain par le porte-parole du département d’État américain. Trop prématuré a-t-il répliqué, tout en estimant que ce dossier est « un défi qui ne peut attendre ». Un défi qui au Moyen-Orient voit se dessiner une convergence contre l’Iran, d’Israël à l’Arabie Saoudite en passant par Bahreïn et les Émirats arabes unis.
G.M.
Crédit photo : Hossein Heidarpour (licence Creative Commons)
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