Les prochaines élections législatives ivoiriennes sont prévues le 6 mars. Contre toute attente, les principaux leaders de l’opposition n’ont pas formulé de stratégie commune pour faire face au parti d’Alassane Ouattara.
Après un scrutin présidentiel sous tensions, l’opposition mise sur les prochaines législatives pour revenir sur le devant de la scène politique, en se partageant un maximum des 255 sièges répartis au sein des 205 circonscriptions du pays. Pour autant, loin de renvoyer l’image d’une coalition unie, cette dernière ressemble davantage à un amas de petits partis.
Absence de base solide
Alors que l’opposition promettait des candidatures uniques, elle n’est finalement pas parvenue à montrer une forme de cohésion quelconque face au RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix) du Président Alassane Ouattara. Lundi 18 janvier, le COJEP (Congrès panafricain pour la Justice et l’Egalité des Peuples) de Charles Blé Goudé a claqué la porte. La raison ? Selon le mouvement, alors que les élections étaient perçues comme une “opportunité pour renforcer la cohésion et l’unité de l’opposition”, elles ont au contraire “mis au grand jour les appétits et autres guerres de positionnement entre des entités pourtant supposées être des partenaires”.
Et le Secrétaire général du parti, Patrice Saraka, de préciser que “la guerre de positionnement et la logique de domination ne sont pas l’idée qui avait guidé le COJEP à adhérer à la Coalition pour la Démocratie, la Réconciliation et la Paix (CDPR), une coalition à but non électoraliste, à l’origine”.
Au sein même du PDCI (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire) d’Henri Konan Bédié, l’unité n’est pas au rendez-vous. “J’ai déposé ma candidature pour la circonscription de Nahio Saioua et j’ai déposé en tant qu’indépendant”, avait déclaré Alphonse Djédjé Mady, le vice-président du parti. “Affi N’Guessan, Albert Mabri Toikeusse et plein de petits partis ont essayé d’entrer dans la danse alors qu’ils ne pèsent pas grand-chose, voire rien du tout pour certains. Comme d’habitude avant chaque élection, la perspective d’obtenir des postes aiguise les appétits”, déplore un des membres du PDCI. En vue du scrutin législatif, le PDCI-RDA s’est doté d’un comité de gestion et de suivi, chargé entre autre de l’organisation et du pilotage des élections, de l’appui politique aux candidats pendant la campagne, de la formation des scrutateurs ou encore de la collecte et la centralisation des résultats.
Changement de camp pour Pascal Affi N’Guessan
S’il était proche du PDCI lors de l’élection présidentielle d’octobre dernier, le camp de Pascal Affi N’Guessan, leader du FPI (Front Populaire Ivoirien) boude désormais le parti majeur de l’opposition, mais également le CDPR, le mouvement GOR (Gbagbo ou rien) ou encore la plateforme EDS (Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté) pro-Laurent Gbagbo. Il dénonce les “velléités hégémoniques” de ces derniers et les accuse de saboter tous les efforts mis en place pour présenter une liste unique de l’opposition. “Ils ont voulu se tailler la part du lion. Nous regrettons de ne pas avoir trouvé un accord. Tout cela laisse un goût amer car, ensemble, nous aurions été plus forts”, se lamente Jean Bonin Kouadio, vice-président du FPI.
Dans un courrier adressé au président de la CEI (Commission Electorale Indépendante) en janvier dernier, Pascal Affi N’Guessan appelait d’ailleurs les candidats pro-Gbagbo à faire “cesser les comportements tendancieux”, considérant que ces derniers usaient « frauduleusement des couleurs, sigle et symbole” du parti.
La formation du gouvernement
Selon une source diplomatique à Abidjan, “les opposants auraient pu être en position de force s’ils avaient réussi à désigner partout un candidat unique face à celui du pouvoir. Mais avec la multiplication des candidatures, le RHDP part favori”. De fait, il est difficile d’imaginer comment le parti présidentiel pourrait ne pas sortir renforcé des élections.
A l’issue des élections législatives, Alassane Ouattara devrait donc être en mesure de former son prochain gouvernement, en tenant compte de la nouvelle cartographie électorale qui découlera des résultats du scrutin, conformément au processus de réconciliation nationale. C’est pourquoi, dans un souci de transparence et par respect du processus démocratique, certains membres de l’opposition (PDCI, FPI) pourraient intégrer le nouveau gouvernement.
Pour faire ce choix, Alassane Ouattara peut compter sur le soutien infaillible de son Premier ministre (Hamed Bakayoko), du directeur exécutif du RHDP (Adama Bictogo) et du secrétaire général de la présidence (Patrick Achi). Le président souhaite miser sur les nouvelles générations et envisage dès lors d’exclure l’ensemble des ministres âgés de plus de 60 ans. Ce sera également l’occasion de nommer de nouveaux directeurs généraux à la tête des entreprises publiques.
Un scrutin aux enjeux de taille, donc, qui pourrait de nouveau faire bouger les pions de l’échiquier politique ivoirien.
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