La France augmente son aide au développement

La France augmente son aide au développement

L’Assemblée nationale a adopté hier une réforme de l’aide publique au développement qui, souhaitée par Emmanuel Macron, atteindra 0,55 % du revenu national brut d’ici à 2022 contre 0,37 % en 2017. Les députés ont précisé que la France s’efforcera de porter ce chiffre à 0,7 % en 2025, un objectif établi par l’Onu en 1970. En 2019 seuls cinq pays respectaient ce pourcentage : le Danemark, le Luxembourg, la Norvège, le Royaume-Uni et la Suède.

L’APD française atteignait l’année dernière 12,8 milliards d’euros, plaçant le pays au 8e rang des bailleurs en termes de pourcentage de RNB et au 4e rang en termes de dons (diplomatie.gouv.fr). Les cinq plus gros donateurs sont les États-Unis (35 milliards de dollars), l’Allemagne (25 milliards), le Royaume-Uni (19 milliards, qui vont toutefois être revus à la baisse), le Japon (14 milliards $) et la France. Globalement, plus de la moitié de l’APD est apportée par Etats membres de l’Union européenne.

L’efficacité débattue de l’APD

Au-delà des chiffres, la méthode prétend être redéfinie. Selon le ministre des Affaires étrangère Jean-Yves Le Drian il s’agit de « faire mieux en clarifiant les priorités thématiques, pour protéger nos biens publics mondiaux : la santé, le climat, la biodiversité, l’éducation, l’égalité femme-homme. » La priorité est également donnée à l’Afrique, qui compte 18 des 19 pays les plus aidés. En tête de liste des principaux bénéficiaires de l’aide bilatérale se trouvent la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Maroc.

Comme l’écrit l’Agence française du développement cette aide « initie des logiques de développement vertueuses et crée des dynamiques susceptibles d’entraîner tous les autres acteurs, notamment les entreprises. Elle crée un effet de levier qui décuple les impacts ». Pour la France il s’agit aussi d’un objectif de politique étrangère, avec de surcroît la volonté de se distinguer d’une Chine expansionniste, parfois qualifiée de « néocoloniale », et qui contribue largement au surendettement de nombreux pays africains.

Quelques bémols sont toutefois mis en exergue par des études sur l’importance comme l’efficacité de cette aide au développement. Ainsi pour la fondation Robert Schuman, les résultats n’ont jusqu’à présent pas été à la hauteur : « D’une façon générale, la pauvreté a reculé partout dans le monde, sauf en Afrique, principale bénéficiaire de l’APD. Il serait assez illusoire de croire que l’APD peut susciter le développement, car elle n’est qu’un élément mineur dans le processus de développement ».

Afin d’enrichir le côté vertueux des aides, les députés français ont mis en place un mécanisme pour restituer aux populations les avoirs confisqués par la justice française dans les affaires de « biens mal acquis » de dirigeants étrangers. L’ONG Transparency International s’en est félicité tout en insistant sur la vigilance qu’il convient d’accroître envers le détournement des aides vers les circuits locaux de corruption. La Conférence des Nations Unies sur le développement rappelle quant à elle que la fuite illicite de capitaux depuis l’Afrique, en hausse constante, est estimée à 75 milliards d’euros par an (« Aide au développement : l’Élysée reste au milieu du gué », Alternatives Économiques).

G.M.

 

Crédit photo : DFID Burma (licence Creative Commons)

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