La menace de la diffusion des variants brésiliens qui font des ravages en leur pays pousse de nombreux pays à restreindre les arrivées depuis le Brésil. Les pays voisins voient leur taux de contamination et de décès atteindre un nouveau pic et pourraient rapidement eux aussi souffrir de restrictions. Ainsi en France les voyageurs avec motif « impérieux » en provenance d’Argentine, du Chili et de Guyane (mais aussi d’Afrique du sud, en proie à son propre variant) sont testés avant et après leur vol et doivent se plier à un isolement de dix jours à leur arrivée. Des contraintes qui peinent à s’installer dans la durée puisqu’elles ont été prolongées jusqu’au 24 avril, trois fois rien au regard des enjeux qui ne sont pas près de s’estomper. En Espagne le gouvernement vient quant à lui de décider d’un prolongement jusqu’au 11 mai. Mais qui peut croire qu’après ces dates le virus et ses variants en pleine expansion cesseront de voyager avec les personnes contaminées ?
L’épidémie est partout décrite comme hors de contrôle au Brésil. La première économie d’Amérique latine est avec ses 360.000 morts officiels le deuxième pays le plus endeuillé au monde, après les États-Unis, tandis que la vaccination avance lentement (13 % des Brésiliens ont reçu une première dose).
Retour de la faim et fuite des investisseurs
En Argentine, le gouverneur de la province de Buenos Aires cité par Le Monde a déclaré « Ce n’est pas une vague, c’est un tsunami », alors que le ou les variant brésiliens représentent actuellement 74 % des contaminations dans le pays. Colombie, Pérou, Uruguay, Venezuela, entre autres, se trouvent au plus haut de l’épidémie. L’approche de l’hiver austral pourrait empirer la situation, tandis qu’au Brésil les restrictions pour freiner la propagation du virus sont toujours rares, comme le souhaite le président Jair Bolsonaro.
Le directeur d’un service de thérapie intensive d’un hôpital public de Sao Paulo, Ederson Rezende, cité par le média suisse RTS s’inquiète que la vaccination ne soit pas efficace contre ces variants : « On prend le risque de perdre le contrôle une nouvelle fois et que le Brésil devienne le réservoir d’un nouveau variant qui se dissémine dans le reste du monde et allonge encore l’épidémie. »
Du fait de l’absence de « réponse coordonnée et centralisée », le Brésil vit une « catastrophe humanitaire » selon Médecins sans Frontières. Déjà dans la situation actuelle la crise économique fait des ravages et la faim est redevenu un problème de premier plan parmi une population qui souffre d’inégalités extrêmes. « Le directeur du Programme alimentaire mondial de l’ONU au Brésil, Daniel Balaban, a averti que le pays avançait « à grands pas » vers un retour dans la Carte de la faim, dont il était sorti en 2014 » lit-on dans un article de Capital.
L’agence Reuters souligne de son côté que des investisseurs commencent à quitter le Brésil pour des cieux plus prometteurs. Notamment vers le Mexique qui, malgré toutes ses difficultés et une approche passive de la lutte contre le virus et ses conséquences sociales, bénéficiera des retombées du colossal plan de relance américain.
G.M.
Crédit photo : Fabio Rodrigues Pozzebom/Agência Brasil (licence Creative Commons)
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