Un sommet virtuel sur le climat s’est tenu jeudi et vendredi, réunissant quarante chefs d’État à l’initiative des États-Unis de Joe Biden. Et parmi les grands enjeux internationaux qui différencient nettement la nouvelle administration américaine de l’ancienne, la lutte contre le réchauffement climatique en est un spectaculaire. Le nouveau président américain avait annoncé la tenue de ce sommet dès après son investiture en janvier dernier, mois pendant lequel il avait aussi fait revenir les États-Unis dans l’accord de Paris sur le climat. Fait hautement notable, le chef d’État chinois Xi Jinping s’est convaincu la veille de participer à ce sommet, et ce quelques jours après que les deux puissances rivales se soient engagées à coopérer sur le changement climatique.
Non content de rejoindre les pays souhaitant réduire leur émission de gaz à effet de serre, les États-Unis d’aujourd’hui prétendent (presque) en être un moteur. Car le président américain, qui a rehaussé les ambitions de son pays en la matière, s’est posé en promoteur d’un « impératif moral et économique ». Un objectif nécessairement collectif, comme l’illustre la présence de la Chine à cette réunion. « Nous devons passer à l’action, nous tous », a déclaré Biden, rappelant qu’« aucun pays ne peut résoudre cette crise tout seul». Les annonces concrètes ? Les États-Unis ont doublé leur engagement : soit une réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre de 50 % à 52 % d’ici à 2030 par rapport à 2005, contre auparavant 26 % à 28 % à l’horizon 2025. La neutralité carbone devra être atteinte en 2050.
L’horizon se situe… entre 2050 et 2060
La Chine s’est quant à dite réjouie du retour des ambitions « climatiques » américaines. Le terrain avait été préparé par une visite en Chine de John Kerry , émissaire américain pour le climat. La Chine a déclaré vouloir atteindre leur pic d’émissions de carbone d’ici à 2030 – en défendant une légitimité à polluer en tant que…. « pays en voie de développement » – puis d’atteindre la neutralité carbone en 2060.
L’Union européenne reste la fer de lance de cette transition, celle dont les déclarations demeurent les plus ambitieuses. Le compromis entre les 27 pays membres et les institutions n’a pas été aisé à trouver. Il a pu être annoncé de justesse mercredi avant la réunion internationale. L’UE s’engage ainsi à une réduction de 55 % de ses émissions pour 2030. L’objectif de neutralité carbone pour 2050 deviendra contraignant. Un compromis ambitieux pour les uns, loin d’être suffisant voire illusoire pour d’autres (cf « Climat: accord in extremis de l’UE avant le sommet Biden », sur geo.fr).
Tout ces déclarations d’intention seront bien entendu à constater et mesurer concrètement. Il existe une réelle méfiance quant à la réalité d’un changement des modes de production et de consommation (lire « En route pour la COP26 : privilégier le leadership sur la cohérence, stratégie gagnante ? » sur le site de l’IRIS). Car il s’agit bien plus que de préparer les ambitions discursives d’une énième « COP », telle la prochaine COP26 qui devrait se tenir en Écosse à la fin de l’année.
G.M.
Crédit photo : UN Photo/Eskinder Debebe (licence Creative Commons)
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